La question religieuse

Est-ce que les problèmes qui se posent à nous sont simplement concomitants, sans aucun lien les uns avec les autres ? Sont-ils le pur fruit du hasard, des erreurs ou de la folie des hommes ? Par exemple, comment pourrait-il y avoir la moindre relation entre l’enjeu de la laïcité et nos problèmes économiques ?

Nous connaissons tous cette réponse qu’est la laïcité à ce problème du rapport entre la religion et l’Etat. Mais nous avons mis aux oubliettes la question qui se cache derrière … Notre pays répond à l’enjeu de la religion par une absence de véritable réponse, une sorte de neutralité. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de religion officielle et nous ne nous référons pas à un Dieu quel qu’il soit de quelque manière qui soit. Pour autant, nous laissons libre les religions de s’exprimer, notre ministre de l’Intérieur est aussi le ministre des cultes, et nous autorisons les lieux de pratique religieuse.

Mais pourquoi cette solution ? Notre pays n’a-t-il pas une tradition chrétienne ? Alors pourquoi ce choix ? Par anti-cléricalisme en référence à ces cauchemars issus des temps de l’Inquisition ? A causes des guerres de religion entre protestants et catholiques ou des croisades bien avant ?

A ma connaissance, il me semble que oui et non, car toutes ces raisons sont les conséquences d’une absence de réponse, d’un échec fondamental: nous n’avons pas la preuve de l’existence de Dieu ni son infirmation.

Arbre et chemin

La question de la possibilité de pouvoir statuer sur cette question est-elle tranchée ? Et dans tous les cas, ne mérite-t-elle pas de vivre dans nos esprits ?

Pour prendre un parallèle en Mathématiques, faut-il apprendre par coeur les théorèmes ou vaut-il mieux être capable de les retrouver en les démontrant par une patiente reconstruction ? Les Mathématiques apportent surtout un élément de réponse avec le théorème de Godël qui stipule que des questions sans réponse existent dans les théories. Confrontés à cet enjeu, les mathématiciens comprirent alors qu’il ne suffisait pas de modifier les définitions mais de bien constituer une nouvelle théorie qui unifie.  A une question toujours sans réponse, aimer l’aborder serait sur ce principe comme une perpétuelle énigme où nous serions résolus à devoir toujours élever notre vision sans jamais pour autant atteindre la vérité. Continuer à grandir en quelque sorte, ou encore redevenir enfant dans une vie d’adulte ?

Derrière la question de l’existence d’un père spirituel, il y a un enjeu fondamental de la Métaphysique. La dialectique synthétique n’est-elle pas « une sorte de preuve ontologique » ainsi que Octave Hamelin l’impulsait ? En prenant du recul comme Emmanuel Kant le fit sur l’usage de la raison pure,  il est plus que jamais d’actualité de voir que la résolution des problèmes qui se posent à tous vient se butter contre une insuffisance dialectique. Car notre société n’évolue que trop par la résolution au moyen de l’analyse des conséquences des problèmes et non la synthèse de solutions nouvelles. Des solutions nouvelles qui rendent obsolètes nos manières de faire et font disparaître du même coup les problèmes qui en résultaient et dont la résolution nous occupait inutilement.

Et il y aurait aussi l’enjeu de briser l’apparente contingence des problèmes. Comme pour le cas des problèmes écologiques et économiques qui sont liés sur le fond par la question des ressources naturelles. Tous les problèmes qui se posent sont évidemment dépendants de notre capacité à les résoudre et donc à la dialectique. Notre faiblesse à appréhender les mécanismes de la synthèse font de manière caricaturale que tous les problèmes sont artificiellement liés sur la forme, et quand bien même on maîtriserait le jeu de cette mécanique de la connaissance, la question de l’existence de Dieu ne serait jamais bien loin.

Ainsi source de recherches et découvertes, cette question est la direction qui mène la construction philosophique d’Octave Hamelin à l’ultime synthèse, ou encore, une piste plus que jamais d’actualité pour comprendre le dynamisme de la pensée à concevoir de nouvelles choses. Et en tout cas, faire vivre la question ontologique, c’est donc pouvoir aussi prétendre que cela participe à trouver les solutions économiques du monde de demain !

A ce sujet, une chose est certaine: lorsqu’un système atteint les limites de complexité et de complication, que des spécialistes conjecturent des mêmes résultats en prenant des positions opposées sur les choix à faire pour le faire évoluer (*), lorsque ce système ne vient plus éclairer l’intelligence mais trahit le bon sens du commun des mortels, alors on ne peut être certain que d’une chose: c’est que ce système est arrivé au bout et qu’il est temps de passer à autre chose. Il en va ainsi de la représentation, c’est-à-dire de toute forme de connaissance.

Il faut alors avoir une certaine foi en la possibilité de la synthèse, telle une forme de morale, et s’appuyer sur des principes de conception, tel un chemin étroit, pour faire patiemment surgir la simplicité du chaos de la complication. Une foi qui peut légitimement nous susciter celle en Dieu de par les accomplissements petits ou grands qu’elle nous permet de réaliser.

(*) Pour restaurer la croissance et son approche issue de l’après-guerre, certains économistes parient sur les restrictions budgétaires pour réduire la dette tandis que d’autres prônent le contraire avec des investissements massifs quitte à provoquer un endettement supplémentaire.

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