Cet article est une solution proposée pour être agriculteur-maraîcher aujourd’hui, bien gagner sa vie et vivre autrement, mais pleinement, ce métier indispensable à la vie de chacun d’entre nous. Et je la soumets au débat.
Voici une liste de problèmes qui se posent à un maraîcher pour gagner sa vie:
- la rafle des intermédiaires et leur position dominante
- la contrainte de devoir produire beaucoup pour diminuer ses charges d’exploitation
- les conséquences d’une certaine forme d’industrialisation du travail amenant à l’utilisation de produits chimiques pour rationaliser au maximum les méthodes de culture tout étant dangereuse pour le consommateur comme pour le producteur
- la contrainte de devoir constamment s’aligner avec la concurrence nationale voire internationale qui n’a pas forcément les mêmes contraintes.
- le fait de devoir être subventionné ou financé par des organismes qui vous fixent des contraintes drastiques,
- la mondialisation et le fait de voir ses prix soumis à la spéculation sur les marchés financiers,
- le coût du transport et des emballages,
- le gâchis des grandes surfaces qui diminue indirectement la marge des agriculteurs,
- la vente de fruits et légumes cueillis à l’avance et pas au meilleur moment pour le consommateur,
- le coût écologique induit par les transports et le déplacement des clients jusqu’aux distributeurs qui, en se raréfiant, augmentent encore à la distance pour le consommateur, typiquement jusqu’aux seules grandes surfaces,
- l’absence de contact avec le consommateur, le vrai client final de l’agriculteur, et de son retour sur les produits,
- le fait pour le client de devoir prévoir la bonne quantité de fruits et légumes à acheter sous peine d’en gâcher une partie, à ne pas oublier de les peser dans les étalages lorsque ce n’est pas en caisse,
- l’impossibilité de vendre certaines espèces non réglementées et le manque de goût de bien des produits tels que les tomates.
Alors des solutions apparaissent et s’orientent vers les circuits courts. Il y a ainsi les paniers au sein d’AMAP, la vente directe, ou encore des solutions de regroupement de producteurs qui tirent parti des technologies Internet.
Cela continue à poser des problèmes tel que le manque de liberté dans ses choix pour le consommateur, le coût à distribuer directement ses produits malgré la suppression des intermédiaires, ou encore les marges commerciales des sociétés permettant des regroupements. Il y a la difficulté à se faire connaître pour ces producteurs et le fait que ces solutions puissent se développer à grande échelle et entrer dans les moeurs. Tout le monde ne fait pas de ses achats des actes militants telle une vraie lutte contre un « système » dont pourtant les français, ceux qui sont sur le terrain des difficultés de notre pays, ne veulent plus à une majorité évidente.
En France, on a maintenant du pétrole mais on n’a plus d’idées ?
Alors voici une solution simple qui résout l’ensemble de ces problèmes, peut fournir du travail, participer à développer une agriculture à taille humaine et favoriser d’autres méthodes de culture. Pour cela, avançons d’un an dans le temps que je vous raconte la vie d’un agriculteur-maraîcher au quotidien.
« Le maraîcher dont je parle n’a plus forcément de grandes terres à lui. Il s’est mis à son compte sans avoir à faire de gros emprunts. Par contre, il a tout de même du matériel et surtout, beaucoup de savoir-faire. Habitant dans ma petite ville à la campagne, toutes les semaines, il se rend jusqu’à ma maison et passe par le portail menant à mon jardin. Et il oeuvre à s’occuper de mon potager et de mes arbres fruitiers. Il n’est pas bien grand mon potager, une centaine de mètres carrés, et c’est lui qui s’occupe de tout ou presque. C’est quand même à moi d’arroser mon potager le soir. Et parfois aussi chez mes voisins quand ils sont en vacances. Un peu comme mon maraîcher qui s’occupe justement aussi de leur potager, et profite des portes que nous avons placées sur nos haies mitoyennes.
Alors le soir, plus besoin d’aller au magasin pour prendre une salade et j’ai le plaisir d’aller la cueillir dans mon jardin. Ce que j’aime aussi c’est que mon maraîcher maîtrise le calendrier: non seulement, j’ai une idée de quand mes fruits et légumes seront à cueillir mais en plus je peux bénéficier des cultures de mes voisins et des autres clients de mon maraîcher. Quand mes haricots verts sortent tous en même temps, je les partage avec mes voisins et réciproquement. Le soir, c’est donc aussi le plaisir de retrouver des tomates de mes voisins car chacun d’entre nous s’amuse à choisir sa propre espèce et c’est un plaisir d’en découvrir de nouvelles chaque année.
Cela a changé ma vie et aussi mes relations avec mes voisins. Et pas seulement à la fête des voisins et de son concours des meilleurs fruits et légumes. Il y a plus de partage. Au lieu des murs qui nous séparaient, nous avons mis des haies et participé à récréer de la biodiversité. Au départ, implanter ces haies, c’était simplement dans le cadre de la permaculture adoptée par notre maraîcher. Ainsi, toutes les tailles de ces haies mais aussi de nos fruitiers et autres arbres, servent d’engrais une fois qu’elle ont été broyées. Recouvrir les sols de broyas limite ainsi l’arrachage des mauvaises herbes et préserve l’humidité des sols.
Ces haies nous ont aussi permis de faire des portes pour faciliter le travail du maraîcher qui n’a plus besoin d’avoir nos clefs de maison. Avec mes voisins nous avons désormais d’autres idées pour profiter de notre mitoyenneté: au centre commun de nos 4 parcelles, on a ainsi l’idée de faire un poulailler commun ainsi qu’une éolienne pour notre électricité.
Mais surtout, avec ces techniques de maraîchage qui laissent loin derrière la productivité de l’agriculture intensive, 2000 mètres carrés suffisent à nourrir 20 familles de notre petite ville de campagne (*) et à donner un bon salaire à notre maraîcher. Alors il n’y a plus un mois qui passe sans qu’un nouveau maraîcher s’installe dans notre commune grâce à une plateforme associative nationale mettant, c’est le cas de le dire, le pied à l’étrier.
Cela me fait sourire de penser que mon maraîcher est devenu prestataire de services. Et il utilise la plateforme logicielle à laquelle j’ai participé, au sein d’une communauté open-source fournissant des solutions libre de droit pour l’économie locale. C’est grâce à cette plateforme que nous réalisons nos échanges entre voisins pour bénéficier des cultures des autres et éviter de perdre des surplus. Je peux ainsi réserver des légumes chez mes voisins et retrouver mon panier le soir déposé dans mon jardin par notre maraîcher.
Par ailleurs, l’association nationale, dont fait partie notre maraîcher, nous assure de sa solidarité en cas de catastrophe naturelle et de la perte de nos récoltes. C’est le seul cas où les différentes instances départementales de cette association font se déplacer des camionnettes avec une partie des récoltes de chaque potager pour faire de grandes distances. C’est comme on dit l’exception qui confirme la règle. »
Voilà. C’est juste l’idée, toute simple. Trop simple ? Il suffit de regarder la liste des problèmes évoqués au début de cet article pour réaliser que ceux-ci n’auraient pu lieu d’être. Et aussi d’envisager de recréer localement un nombre considérable d’emplois.
Ceux qui lisent ces lignes et veulent en débattre peuvent aussi aider à en faire un vrai projet. Un projet libre fournissant une solution détaillée, le moyen d’acquérir le savoir-faire et les outils informatiques. Et pour développer la solution et bénéficier des contributions libres d’une communauté à développer. Mon email: laurent@wyje.fr
(*) Plusieurs sources font état de tels résultats. Il s’agit notamment de la Ferme du Bec Hellouin. Sur le même thème, on peut consulter On-peut créer 600-000 emplois dans l’Agriculture, ou approfondir sur Terre de liens.
Superbe, très bonne idée je dois dire, bon j’ai pas de jardin mais j’avoue que c’est top, la permaculture me parait très prometteuse. Niveau financier ça se passe comment ? l’économie d’achat de fruits et légumes couvre les frais ? merci pour l’idée, j’avoue que je deviendrais bien producteur de pommes, ça me changerai de mon boulot, à voir
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Tu pourrais donner plus de détails sur les logiciels que vous utilisez ? en gros ils font quoi ? merci d’avance
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Quel enthousiasme ! Sauf que je me suis placé dans l’avenir ! et donc l’essentiel reste à faire, même si cela ne va pas chercher loin.
Sur le plan informatique, il s’agit de promouvoir l’activité, de faciliter la gestion et les relations entre ceux qui vont faire le travail et les propriétaires des maisons qui souhaitent faire cultiver des potagers sur leurs terrains.
En ce qui concerne les aspects financiers, je me suis basé particulièrement sur les résultats d’études réunies par un ami investi dans ce domaine et lui-même ami d’un maraîcher ayant exercé près de ma ville de campagne.
Pour lancer un tel projet, il me semble qu’il faut:
– des compétences dans les potagers: beaucoup de personnes âgées ont des connaissances sur le sujet et pourraient accompagner de tels projets
– des personnes comme toi souhaitant lancer une telle activité
– des propriétaires souhaitant aider à lancer le projet et financer le travail réalisé dans leurs potagers
– une plateforme informatique en partie déjà développée dont je ferais les premières versions selon un développement en open-source: c’est-à-dire ouverte et susceptible d’attirer une communauté pour participer à son développement.
Un site web permettrait de participer à transmettre le savoir-faire et de répondre aux besoins de gestion.
En y allant par étapes, je pense que ce serait possible de commencer rapidement.
Si des bonnes volontés se réunissent, cela deviendra plus concret et je commencerai un site sur le sujet.
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