Quand les « géants du numérique français » répondent à une question simple

Voici ce qui se passe lorsque les « géants du numérique français » ont à répondre à une question simple mais essentielle, celle de la qualité du logiciel:

Une vraie réponse serait de s’attaquer à la question de l’évolution du logiciel afin de rompre avec la politique de court-terme qui transforme inéluctablement tout logiciel en une usine à gaz.

Et de manière d’autant plus aggravée que ces logiciels sont confiés à ces géants du numérique que sont les SSII. Et on peut s’en rendre compte aisément, ces dirigeants n’y connaissent rien et sont justes de bons acteurs s’écoutant parler. La réponse donnée par ce dirigeant cherchant quelque chose d’intelligent à dire sur cet enjeu de la qualité, c’est simplement cette histoire de revue trimestrielle. Très concrètement, c’est un commercial de ces sociétés d’intérim qui vient voir les ingénieurs une fois tous les trois mois chez le client pour s’assurer du renouvellement de son contrat, et de sa propre commission.

On pourrait se dire que notre gouvernement va faire quelque chose. Mais il suffit de prendre connaissance de la composition du cabinet de la  Ministre du numérique pour se rendre compte que le seul ingénieur présent ayant jamais pratiqué l’informatique n’a développé professionnellement que trois mois avant de prendre des responsabilités …

La réponse à la qualité du logiciel, ce serait donc de quitter ce déni de la réalité catastrophique du logiciel en France, de comprendre que ce métier reste artisanal, que personne n’a encore trouvé le graal, et que la méthode qui permettrait en la suivant d’obtenir un logiciel répondant à des besoins donnés n’est pas prête d’exister. Et de comprendre surtout comment ces « géants » des SSII, cette autre exception française parmi tant d’autres, aggravent singulièrement cette situation et ruinent en France ce métier, les industriels et l’emploi.

Bien sûr, il restera de bon ton de parler des startups pour représenter le numérique et oublier le gros du problème.

En attendant, les plus grosses SSII reconnaissent leur incapacité à aller sur le marché américain et escomptent pourtant pouvoir y parvenir. La différence entre la France et les Etats-Unis, c’est que les entreprises française sont particulièrement radines à acheter des outils et leurs licences, et préfèrent réinventer la roue, tandis qu’aux Etats-Unis, les entreprises se tournent bien plus volontiers sur des outils existants ou en cours de création par des startups. En ajoutant à cela qu’ils ont déjà une réponse à la flexibilité du travail. Une société de consultants, que ce soit aux US ou en Angleterre, se destine d’abord à des experts très bien payés pour offrir des prestations spécialisées.

Quant aux questions de conception discutées sur ce blog, on comprendra en étudiant un peu cette vidéo qu’il n’y a rien à attendre de ces SSII pour participer à un quelconque progrès. SSII, simples intermédiaires placés en situation d’imposture à revendiquer le bénéfice financier et de reconnaissance d’un travail auquel ces structures ne participent en rien sur le fond mais juste sur la forme juridique et comptable. Combien de conférences faudra-t-il organiser pour expliquer que renommer le terme SSII en ESN ne va rien changer ?

2 réflexions sur “Quand les « géants du numérique français » répondent à une question simple

  1. laurentwz

    Oui, tout à fait, il y a plein de choses passionnantes à faire. Avec les outils actuels, il y a vraiment moyen de simplifier la vie et d’ouvrir de nouvelles perspectives. Tandis qu’il faut bien se rendre compte que nombreuses sont les personnes du grand public qui ne veulent plus de l’informatique parce qu’elles estiment que cela va forcément être compliqué. Toutes ces grosses boites ont beau bloquer tout progrès depuis tant de temps pour que les plus incompétents puissent rester tranquillement à leurs postes pendant des décennies, aujourd’hui, des gamins vont pouvoir faire mieux. Face aux usines à gaz qui sont encore commercialisés à des prix faramineux, un débutant peut programmer un Arduino et déclencher à distance le chauffage de Papa-Maman avec un portable, et pour quelques euros. Et pour ne parler que des idées de « grands ». Lorsqu’ils utiliseront librement leur imagination, on risque bien des surprises.
    Quant au BigData, autre exemple, tandis que l’on en parle pour des projets fumeux issus de délires marketing sur le même modèle que la Business Intelligence et qui passent comme la mode, cela permet aussi de changer l’approche en termes de bases de données et de révolutionner le partage des données propre à l’économie collaborative.
    Bref, les politiques de tous poils ont beau barrer du mieux possible toutes les volontés de changement, les outils sont là, cela commence à fuir, et cela va inonder notre quotidien, en libérant la créativité lorsque s’imposera à l’esprit de tous la réelle incompétence de nos dirigeants. De ceux qui n’ont jamais travaillé dans le réel. Et sûrement, paradoxalement en apparence, pour retrouver de la simplicité « d’antan », et non cette artificielle complication qu’on a fait croire nécessaire pendant tant de temps. Bonne journée !

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