Un enfant frappé par les forces de l’ordre

Aujourd’hui, en France, dans notre pays qui se revendique comme pays des droits de l’homme, un enfant de 15 ans, au sol, très clairement déjà sonné, a été relevé par trois personnes des forces de l’ordre, et alors qu’il ne montrait aucune résistance, a été frappé violemment.

C’est indicible.

Une limite a été franchie et sans réponse très claire de notre gouvernement à cet acte de la plus extrême gravité aussi bien physique que symbolique, celle de frapper en réunion un enfant par des forces de l’ordre censées protéger la population, et plus que tout, ses enfants dans ce qu’ils représentent de plus sacré, ce gouvernement ouvre clairement la voie à la révolte.

Si l’état d’urgence devait persister sans une attitude exemplaire des forces de l’ordre et que s’y ajouteraient des frappes contre les populations et le lynchage des plus faibles dont  les enfants, alors c’est que l’on se retrouve dans le cadre de l’article 35 de la Constitution de 1793, à savoir que « (lorsque) le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs ».

Il ne s’agit pas là d’y voir seulement un article de droit justifiant la révolte, mais bien que ceux qui ont été capables de penser notre démocratie dans ses fondements estimeraient aujourd’hui ce gouvernement indigne s’il lui venait à l’esprit d’imposer des réformes par la coercition.

Et pas seulement celui-ci, mais aussi les précédents tandis que le renouvellement se fait que trop attendre au point de faire désespérer: n’est-il pas écrit que « Les fonctions publiques sont essentiellement temporaires ; (qu’)elles ne peuvent être considérées comme des distinctions ni comme des récompenses, mais comme des devoirs ».

Un enfant de 15 ans ne peut être rendu responsable des conséquences de la médiocrité de ces « élites » qui ne manquent jamais de s’appeler ainsi tandis que leurs attitudes et décisions défient le sens commun et tout spécialement auprès des jeunes, ceux-là mêmes qui rêvent d’un avenir avec des valeurs autres que celles d’un compte en banque.

Une prise de parole et une réponse exemplaire du Président de la République sont à espérer. Le lien de confiance entre cet enfant et notre pays a toutes les raisons de s’être brisé net ou pire encore que cet événement soit refoulé avec des conséquences plus graves à son avenir. Y-a-t-il eu une prise en charge psychologique et qu’est-ce qui a été fait pour lui apporter un légitime et officiel réconfort ? Estimerait-on justifiée la violence lorsqu’elle émane de l’Etat et de la même manière que lors d’opérations contre des forces terroristes à l’étranger ?

Les manifestations étudiantes resteront encore longtemps tragiquement associées au projet de loi Devaquet, et il s’en trouvera toujours parmi nous pour le rappeler.

Post Scriptum: Une semaine après les événements, Libération a publié un article témoignant de l’attitude extrêmement grave de forces policières, attitude qui ne peut s’exercer sans une volonté politique derrière elle. Les socialistes sont toujours les premiers au nom d’une morale qui leur reviendrait à exclure les personnes en les jugeant sans passer par la voie de Justice, et aujourd’hui, entend-t-on les voix de leurs associations ?

A un moment où ce gouvernement fait de la sécurité sa priorité, son seul résultat tangible est de mettre en culture les germes d’un terrorisme à la française … C’est proprement désolant de voir les erreurs successives s’enchaîner depuis des mois, depuis le succès de la COP21. Quelle différence faire entre l’extrême droite et ces pratiques d’Etat policier ?

 

5 réflexions sur “Un enfant frappé par les forces de l’ordre

  1. Bonjour Laurentz, malheureusement après le procès ou l’enquête (en demie teinte…) du gendarme qui a tué un manifestant à (Civens) en lançant sur lui une grenade offensive et la suite que nous connaissons; il est effectivement nécessaire de faire entendre nos voix.(Ce monsieur n’a pas été condamné, ni rétrogradé…) Je vous remercie pour votre alerte par cet article. (J’ai assisté à Paris à plusieurs manifestations d’étudiants dans les années 1985-1990… et, j’ai vu ailleurs et principalement à Denfert- Rocheveau des brigades de casseurs à l’action, sur la vitrine d’un concessionnaire Peugeot ou autre de l’époque qui, était situé à l’angle d’une rue du carrefour. Les CRS chargeait qui?, les manifestants non violents, pas les casseurs en premier et une fois que ce fut le bazar, le vandalisme, là, la charge, nous avons tous pris des coups de matraque avec une telle brutalité. Nous ne pouvions pas partir de la zone. Nous étions prisonniers… Cela dissuade de retourner manifester un temps.)
    L’engagement est toujours vivace malgré tout… Il faudrait peut-être écrire directement -même si cela n’a pas un grand effet- au Président, au premier ministre et aux président d’assemblée Nationale et du Sénat une lettre signée en ligne. (C’est une idée, je l’ai déjà fait pour réclamer la comptabilité du vote blanc par écrit, sans succès, mais j’ai obtenu d’autres résultats à titre personnel. (Je suis fiché aux renseignements généraux.) Le ministre de l’intérieur doit fortifier par ses encouragements, (c’est souvent regrettable) la gendarmerie et les polices pour leurs actions, parce que l’Etat a besoin de la cohésion militaire et celle des fonctionnaires pour rester en place…faire régner l’ordre. Il serait peut-être judicieux de leur faire remarquer aux politiciens, aux directeurs de la police, aux préfets : les jeunes, les lycéens qui manifestent ne sont pas des terroristes, ni un danger pour notre pays, puisque ce sont eux l’avenir. Que les amalgames et les rancoeurs des militaires ne doivent pas perturber les équilibres et la protection des civiles. L’État doit protéger ses concitoyens, tous ses compatriotes ! Le droit de manifester est légale et reconnu, Alors pourquoi autant de provocations de la part des fonctionnaires, des militaires à chaque fois? Nous sommes conscients que quelques ordres sont donnés pour, casser l’ambiance… la résistance…
    Je vous remercie de me permettre de joindre ma voix à la votre, à d’autres, pour me plaindre et dénoncer ces brutalités et ces injustices qui ne sont pas condamnées, lorsqu’il y a un jugement pour, l’exemple et le respect des manifestants et de l’espoir du vivre ensemble que nous réclamons. Bonne continuations dans votre engagement.

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    1. laurentwz

      Bonjour Tony,
      Le ministre de l’Intérieur a condamné cette violence, et heureusement, car le lien entre les forces de l’ordre et le reste de la population est essentiel, afin de les soutenir et donc aussi bien sûr d’être protégé.
      Maintenant, les politiques et peut-être plus particulièrement les socialistes font considérer depuis longtemps que les problèmes sont dûs aux personnes qui les mettent en avant. Plutôt de résoudre ces problèmes, la réponse a donc souvent constituer à faire en sorte d’exclure ces personnes, les pousser à partir, ou encore, les opprimer ainsi que c’est le cas dans le cadre de ces manifestations.
      S’obstinant dans le déni, les politiques attaquent aussi ceux qui les mettent en évidence dans ce qu’ils font de bien. En Vendée où j’habite, à la suite des interventions de De Villiers contre la corruption dans le cadre de l’affaire Urba, l’association du Puy du Fou avait ainsi été menacée pour que les bénéfices de cette association sans but lucratif soient taxés.
      Depuis des décennies, les salariés des entreprises sont toujours autant dépourvus non seulement de leur capacités d »initiatives mais aussi de leur possibilité d’exprimer leurs points de vue. Plus encore, pour les jeunes avec un taux de chômage de 25%, la précarité et le manque de débouchés font que cette situation et la loi proposée justifient à mon sens son interprétation comme une loi à vocation esclavagiste.
      Et effectivement, rétablir une forme nouvelle d’esclavage provoquerait sans aucun à doute à court terme une amélioration des conditions économiques, mais elle induirait surtout une plus grande fracture sociale, casserait le moral des personnes et leurs capacités à agir et penser, et diviserait encore le potentiel de notre société à se dynamiser. Non seulement cette loi participerait à repousser les problèmes de notre société mais en plus elle rendrait plus difficile les conditions pour les résoudre.
      La COP21 a été un grand succès politique, et c’est après ce succès peu mis en valeur qu’un mauvais virage a été pris par notre gouvernement. Je ne crois pas qu’il y ait de grands changements à espérer des politiques de cette majorité ou des autres partis qui n’ont jamais travaillé à entreprendre de réels changements tandis qu’ils ont quitté la vie civile depuis trop longtemps voire même ne l’ont jamais connue. Leurs capacité d’entendement en est réduite à un simple paramétrage de l’existant qu’ils sont pour autant capable de compliquer à outrance jusqu’à eux mêmes ne soient plus en mesure d’y comprendre quoi ce soit.
      Lorsque personne ne comprend plus rien, tout le monde est alors en position de donner un point de vue différent, c’est la seule richesse de notre monde politique.
      L’ère capitaliste comme celle du communisme ont fait démonstration de leurs vertus respectives à travers leurs propres idéaux. Le second s’est conclu dans le totalitarisme et le fascisme, et quant au premier, il en prend tout autant le chemin. Cette fois-ci, il ne s’agit là non pas d’une interprétation, mais d’une simple logique historique, celle de la connaissance des cycles qui sont inhérents aux grands changements qui s’imposent tôt ou tard.
      Il serrait intéressant que les historiens nous en apprennent plus sur ce sujet, qu’on retrouve l’intérêt à comprendre notre monde a évolué, s’est construit ou s’est révolutionné, et de débattre du passé pour mieux construire l’avenir.
      Bonne journée,
      Laurent

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  2. Bonsoir Lautentz, je rebondis sur l’emploi précaire de bien trop de jeunes gens… d’étudiants et d’autres personnes. (J’ennuie parfois certaines individus par certains de mes discours, parce que jeune ouvrier en 1970, je voulais devenir artiste… J’ai vécu plusieurs vies pendant quarante années… Je ne parle que de sujets, d’événements que j’ai connu, coutoyé ou vécu..) Donc, pour la modernisation de l’emploi, les assouplissements sur certains articles, codes de la loi du travail,-nous savons tous qu’il faut évoluer, moderniser sur ce point- ce qui manque ce sont les garanties. Les charges doivent baiser et les documents -paperasserie- doit diminuer dans les entreprises… Pour les emplois de courte durée successifs, trois, six mois, un an… La loi doit assurer l’employé que les charges sociales patronales seront bien versées aux caisses dont dépend le salarié, surtout dans les PME et chez les Artisans, les société d’intérim. Que toutes les assurances patronales seront réelles et non floutées, ou non existantes… Les salariés pourront espérer une progression dans leur emploi respectif, même s’ils n’enchaînent que des contrats successifs à durée déterminée au long des ans…Que même si, ce que je ne souhaite pas, dans vingt, trente ans, le paiement de la retraite des salariés n’existe plus par une caisse, comme à présent; il y ait des preuves, comme quoi, les accumulations de petits boulots, de petites périodes d’emplois CDD, soient comptabilisées réellement dans intérêt de l’employé, pour que cela puisse lui profiter. C’est cela qui manque dans la loi de Monsieur Macron et Valls, dite loi El Khomri… En plus de d’autres aménagements…
    En plus du fait qu’il n’existe aucun vrai rempart contre la gangrène des faux stages d’emplois pour les jeunes et tous ceux qui sortent d’une formation professionnelle.
    Il y a un autre problème grave, si vous me permettez de le citer,- ceci n’engage que ma personne- qui consiste en l’exhortation pour une augmentation du recours à l’emploi d’Agent de Sécurité dans les grandes surfaces, les administration, toutes sortes d’établissements qui reçoivent du public, les immeubles de bureaux, etc.
    L’ A.D.S (agent de sécurité) est un employé souvent venu vers cet emploi après une longue période de chômage, à la suite d’un accident ou d’un licenciement économique ou autre, parce que c’était le dernier recours, avant de se retrouver à la rue…parce qu’il ne trouvait pas autre chose pour gagner un peu d’argent… A part certains cadres, chefs de groupe, ou de sites avec quelques années d’ancienneté, ces salariés sont le plus souvent payés au SMIC ou 1200 à 1500 Euros maxi, vue toute la responsabilité de ce travail de sécurité de la personne, du personnel, des lieux… La convention collective n’a pas eu de véritable progression depuis des décennies, quelques avenants par ci par là…, Le point de retraite est nul… P.E.I; 120.122… La défense syndicale est nulle, vue l’éparpillement des sites dans les grandes villes…les régions… Lorsqu’il n’existent pas plusieurs agences pour une même société. La formation de secouriste, obligatoire, n’existe que pour un nombre restreint de personnes… sur les milliers d’emplois sur le sol national. La formation pour lutter contre les incendies, la connaissances des différents extincteurs et leurs utilités, ne dure en principe qu’une matinée ou une après-midi. Il n’y a pas de cours ou une formation sur le comportement psychologique en cas de crise, de danger ou d’accident graves… Sauf pour les ministères, les Administrations, les Banques qui, ont leurs propres cahiers des charges… Et même là , tout dépend de l’importance du poste et des responsabilités réelles. (Zone stratégique ou pas.)
    Et nous voulons que ces personnes, même si elles sont courageuses, respectables, sacrifient leurs vies, leurs santés pour nous défendre à ce prix ?
    Là, il existe un véritable esclavage moderne, sur le dos de la dite: sécurité… Les seuls profiteurs de la manne bien faisante, ce sont les gérants de ces sociétés de gardiennage, les commerçants et les directeurs d’établissements, qui y ont recours.
    Le pire se constate lors de l’entrée d’un acheteur ou d’un visiteur dans presque tous les lieux où se trouve en faction un A.D.S, personne ou presque ne lui dit bonjour ou ne le regarde. Aujourd’hui peut-être un peu plus, lorsqu’il demande dans certains établissements d’ouvrir un sac ou un vêtement. Pourtant ce n’est pas un travail de tout repos , rester quatre heures debout dans la matinée, autant dans l’après-midi…
    Le public qui a peur, demande plus de gardien de sécurité, plus de protection, mais il n’est pas prêt à payer le véritable service, ni le prix de sa sécurité. C’est tout de même incroyable !
    J’aimerai tant que nous soyons des centaines à donner nos impressions sur ce blog pour, peut-être un jour prochain faire évoluer les esprits de bonne volonté. Bien cordialement à tous ceux qui réfléchissent, même si l’on ne peut pas plaire à tous par ses discours.

    Aimé par 1 personne

  3. laurentwz

    Bonsoir Tony,
    Merci Tony de prendre le temps de discuter ainsi. C’est très intéressant de connaître les idées, les analyses, les solutions de chacun, et sans polémiquer outre mesure.
    Ma conviction personnelle n’est pas tant – par exemple – dans la question de la diminution des charges à décider ou non, je crois plutôt à un avenir plus simple où chacun vive enfin de sa passion pour réaliser son véritable projet de vie. Je trouve aberrant qu’avec autant de modernité faite pour assurer un confort, il se trouve de plus en plus de personnes dans la précarité et que nos jeunes ne trouvent pas de voie.
    A partir du moment où la société fonctionne correctement, les charges ne seront plus un problème. Peut-être que l’on pourrait mieux gérer la société sans la changer outre mesure, mais cela ne ferait que rendre le problème plus difficile pour changer carrément notre système économique, notre modèle de société.
    Je crois fortement que la solution passe par la relocalisation de l’économie, et tout particulièrement depuis nos campagnes. On passerait de l’exode rural à l’exode urbain …: je comprends bien que cela peut paraître bien utopique.
    Au sujet du métier d’agent de sécurité, c’est vrai que l’on ne prête pas attention aux difficultés ou faiblesses qui peuvent se cacher derrière les apparences.
    L’essentiel pour chacun d’entre nous, n’est-il pas de trouver sa propre « philosophie de la vie » et bien sûr de la partager ? Chaque projet de vie avec son métier est différent et c’est passionnant à découvrir.
    D’ailleurs, je dois faire paraître un petit article suite à un voyage en Belgique avec des exemples de parcours, cela sera aussi une occasion de rendre hommage à ce pays endeuillé.
    Et bien sûr, partager des points de vues ou écrire des articles est bienvenu sur ce blog,
    Laurent

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