Les ronds-points se devaient d’être le symbole d’une coopération entre automobilistes. Aujourd’hui, à cette utopie manquée a succédé la réalité des Gilets Jaunes à rassembler et faire collaborer entre eux des citoyens de tous horizons.
Reprenant le principe des tours de manège des camions de CRS pour l’élever dans le champ des idées, d’aucuns revendiqueraient à ces ronds-point un statut à devenir des cercles vertueux. Pas seulement parce que les automobilistes se décideraient à y entrer sur l’air d’un à la queue leu leu promu hymne national, mais surtout parce que ces ronds points seraient vus comme le coeur d’une circulation irriguant les artères d’une multitude de convictions sur le courant oublié de la vertu.
Soit établir des points de convergence entre les actions et projets motivés par une urgence à survivre, à dénoncer les injustices, à transformer positivement une angoisse face à une société qui ne sait plus officiellement où elle va en une exigence de vraies solutions qui ne resteraient plus cachées sous le tapis de l’imposture de nos élites auto-proclamées.
Une opportunité manquée à opérer le changement
Si les ronds-points routiers ont manqué leur sortie vers l’utopie de la coopération, les éléments moteurs de notre gouvernement ont surtout enchaîné les ratés tout particulièrement en manquant un virage historique. C’est que ces spécialistes à vider les mots de leur sens ont été pris à leur propre piège et n’ont pas saisi un mouvement, qui lui, était déjà réellement « en marche ». Désormais soumises aux moeurs du populisme, les portes électorales qui s’ouvraient soit à droite soit à gauche sont aujourd’hui devenues les sièges éjectables du dégagisme dont ce gouvernement pourrait bien subir moultes péripéties et crevaisons de votes.
Il restera invraisemblable à quel point ce mouvement des Gilets Jaunes aurait gagné à être reconnu comme du pain béni pour des personnalités politiques aspirant au changement. Un tel appui populaire devait à l’évidence être considéré comme une formidable opportunité à enfin pouvoir changer les choses en soi et que ce gouvernement puisse dépasser le stade prépubère de l’épiphénomène où il semble pourtant se résigner.
Soit engager cette fameuse transition qui unifierait en de nouvelles solutions les enjeux actuels pour redonner du sens à nos vies par une société aux aspirations renouvelées. Dépasser les enjeux économiques, écologiques, sociaux pour faire resurgir d’outre-siècle ceux propres à notre condition humaine et au sens de notre vie sur Terre. A contrario, à l’heure d’aujourd’hui, ce 21ème siècle innove uniquement en étant le premier à avoir réduit le champ de notre horizon d’avenir. Parce que notre espérance de la vie sur Terre ne grandit plus mais se réduit de jour en jour. Et alors que chaque année nous nous endettons de plus en plus vis-à-vis de la Nature sans permettre le renouvellement des ressources prélevées, et ce, dès le mois de mai.
Le déni et la lobotomisation de l’opinion
Ainsi, au lieu de placer le mouvement des Gilets Jaunes au coeur d’une logique historique, notre gouvernement a amplifié son déni. Ce déni, Emmanuel Macron le condamnait pourtant de ses voeux de début d’année, reprenant les mots et arguments des opposants coeur-pensants pour mieux les salir de son inaction, de ses mensonges, et du sang des Français. C’est ainsi que notre Président qui accélère avec le frein à main, a réussi la première tête à queue de son quinquennat, pulvérisant les barrières de sécurité de notre humanisme à la Française pour le renvoyer sous la forme de projectiles en plein dans les têtes des Gilets Jaunes. Ces nouvelles formes de lobotomisation de l’opinion sont à l’image de la réalité primaire et diabolique d’un Président qui mérite juste de finir en ange déchu.
La raison de cet apparent aveuglement réside simplement en ce que nos politiques ne sont plus que de vulgaires tacticiens visant à protéger des intérêts particuliers. Ils sont impulsés par des forces conservatrices visant à bloquer les alternatives pour mieux préserver les avantages bien mal acquis par des parvenus placés à la tête d’institutions ou entreprises dont le caractère public ou privé ne se distingue plus que par la facilité avec laquelle cette oligarchie d’imposteurs se servent à leur seul bénéfice dans les caisses des Français.
C’est bien plutôt là que la véritable association criminelle de malfaiteurs se devrait d’être recherchée.
De la noblesse de la politique aux basses manoeuvres
Et c’est cette mafia politicienne que les Gilets Jaunes révoquent jusqu’à en avoir la nausée au simple fait de prononcer ce mot « politique » devenu allergogène alors que seul un renouveau démocratique pourrait en constituer l’antidote. Parce ce qui faisait la noblesse du mot « politique », c’était qu’il invoquait l’excellence à servir les intérêts de la Cité, pour le bien commun, et aux principes de la vertu. Et non pour le mal public.
La décision de livrer ADP à la spéculation est l’exemple même de cette politique financière qui détourne les intérêts stratégiques de notre pays pour instrumentaliser des pouvoirs occultes et des intérêt privés, de la même manière que le furent les autoroutes. Et sur le même principe qu’il a été renoncé à la séparation entre banques d’investissement et banques d’économie locale. Et ce sont pas des détails. Sans oublier plus encore que ce sont déjà des fleurons de nos industries qui ont disparu pour le seul bénéfice de dirigeants cupides parachutés à des postes de direction, pour des opérations de fusions-acquisitions, des calculs politiciens, des relations aux intérêts calculés, le financement de campagnes ou l’entretien de rapports de force. Ou autres éléments qui ne remplaceront jamais une véritable vision dans le développement d’une activité ou d’une économie au service des citoyens et de leur avenir.
Une prospérité entrepreneuriale brisée par la finance
Une vision que possédaient les capitaines d’industrie ayant forgé le tissu industriel et son réseau d’entreprises. Des sociétés qui, comme Alstom, constituaient des pôles d’excellence technologique et qui faisaient la renommée de notre pays à l’International et surtout la profusion de nos emplois. En transférant les rênes de notre avenir à la seule finance, c’est une véritable cannibalisation qui s’est immiscée et qui a tôt fait de s’attribuer illégitimement cet héritage pour le dilapider par une incompétence que de la recherche du seul bénéfice viendrait presque faire oublier. Comme si l’égoïsme était devenu un principe pour renoncer à de vrais projets et rendre légitime la médiocrité. Le tout au prix d’un casse phénoménale. Et pour se retrouver aujourd’hui dans un pays à l’industrie décapitée, privée de ses figures de proue et orphelin d’une culture à entreprendre de grands projets.
Réduisant la valeur des actifs à la seule rentabilité à court terme, la finance hégémonique prétend qu’il suffirait de réglementer le libéralisme à plus grande échelle. Et ce faisant, privant le citoyen encore un peu plus de sa capacité à entreprendre face à d’inextricables difficultés qui n’ont de légitimité que de payer la bureaucratie d’un libéralisme qui montre aujourd’hui son vrai visage. A savoir celui d’un monstre tentaculaire qui en train de détruire non seulement notre planète mais aussi jusqu’à nos territoires et êtres vivants. Jusqu’aux réserves protégées qui ne seraient plus … protégées. Le sacre de l’abolition de tout sens commun.
La réaction épidermique des Gilets Jaunes
Et ce sont donc nos Gilets Jaunes qui sont violentés comme si nos dirigeants voulaient faire oublier à quel point ils sont eux-mêmes frappés. Et tandis que les moins favorisés sont déjà à l’asphyxie des complications engendrées par un système incohérent et aux difficultés démultipliées pour les revenus les plus faibles. C’est-à-dire que des revenus divisés par deux, c’est vivre avec des difficultés multipliées par dix. Seuls ceux qui l’ont vécu peuvent vraiment le comprendre bien que ces difficultés s’étendent de plus en plus vers les revenus supérieurs. Et tandis que les remparts du bon sens ne résisteront pas encore bien longtemps sous les coups de butoir des mercenaires de la cupidité dont une limite supérieure à leurs ambitions ferait taire leur velléité à se faire considérer comme des dieux.
La politique dirigée par la finance a fait de notre société une usine à gaz à grande échelle, artificiellement maintenue en vie au moyen d’une perfusion de progrès technique. Toujours par le biais d’un vocabulaire emprunté au monde des vivants, Emmanuel Macron s’est érigé en startuper pour mieux en faire détester le concept alors qu’il ne l’a jamais été et qu’il ne connait strictement rien à la technologie. La vérité, c’est qu’Emmanuel Macron n’a jamais travaillé de sa vie dans le monde réel. Sans âme, le financier est tout au mieux un facilitateur, à permettre la mise en relation entre des besoins d’artifice et rendre effective le potentiel à échanger de la valeur implicite, mais cette activité dépend strictement de la vraie valeur ajoutée produite par ceux qui travaillent. Pour avoir divisé le travail et les personnes, la finance s’est rendue indispensable à suppléer à ce qu’elle a détruit, à savoir le lien social. A se faire passer pour indispensable, il en découle en conséquence une seconde et plus délétère imposture, à savoir de prétendre que cette finance peut juger de tout sans rien n’y connaître. Et d’avoir réduit l’outil intellectuel à la seule analyse sans jamais avoir à entreprendre et créer de nouveaux concepts.
Tout cela fait ainsi illusion pour tirer parti de l’héritage d’une nation française résistante aux aberrations, rattrapant les erreurs au quotidien de dirigeants de plus en plus étroits d’esprit, participant à déployer un progrès technique limité et aux finalités médiocres mais dont elle sait assurer le déploiement avec efficacité. Un savoir-faire rigoureux et ingénieux mais accusant le coût d’une absence de stratégie et de vision toujours sanctionnées par un temps de retard envers les Etats-Unis mais aussi désormais envers la Chine.
L’esprit de survie face à l’obscurantisme
En vérité, les Gilets Jaunes ne sont pas moins que les vrais pionniers du 21ème siècle, ce sont les premiers conquérants d’un avenir dont les prémices de fondation se balbutiaient déjà au début du mouvement et dont les ramifications s’étendent de jour en jour à travers leurs actions et discussions. Par la force des choses, ils ont développé un instinct de survie et une capacité à surmonter les difficultés. C’est-à-dire qu’ils portent en eux une intuition mais aussi une vraie conscience que la pauvreté leur accorde en juste retour des choses. Autour de ces ronds-points, ils véhiculent ainsi le terreau du lien social et des solutions pour réussir à s’en sortir. Soient des qualités que n’auront jamais nos gouvernants dont les revenus réduisent d’autant le champ de leur conscience à saisir les difficultés et obtenir la motivation à libérer leur imagination d’un obscurantisme obérée d’une vision réduite à l’exécution de la simple règle de trois.
L’intuition des Gilets Jaunes est le pendant de la double imposture des talibans de la finance qui font tomber successivement les symboles de la vertu que l’on croyait avoir érigés tels des statues irréfragables pour protéger la société de ses mauvais démons. Parce que si elle se voit réduite à la raison pure, une intelligence devient improductive de nouveaux fruits et condamne ses fossoyeurs à n’être que de simples voyous et à se partager un butin dont ils tarissent la source. En s’auto-proclamant élites de la nation, ils bloquent non seulement toute alternative mais aussi toute discussion. Ils font table rase de toutes les questions fondamentales en emprisonnant un peu plus nos citoyens, transformant notre société en une prison dont les portes vers l’avenir se referment les unes après les autres.
Pour être heureux, vivons cachés au gouvernement
Sur le modèle envahissant des franc-maçons qui ne répondent jamais aux courriers des non-initiés en vertu d’un principe à ne jamais se répandre avec ceux qui ne n’en sont pas remis à leur société secrète et qui ne sont pas non plus soumis à leurs rituels et règles occultes, il n’y a aucun espoir à espérer nouer un dialogue avec des dirigeants qui ont ainsi prêté serment à ne jamais discuter qu’avec ceux qui se prêtent à leurs mensonges et à cet entre-soi d’une médiocrité partagée, ritualisée, et dont la tranquillité se fait payer par un déferlement de haine au détriment de mesures contre les moins-disants qu’on écrase et les trop-disants dont il se faut couper les têtes. Haine qui n’a d’équivalent que le damnation à laquelle ils se vouent corps et âme à briser lentement mais sûrement les conditions à la poursuite de la vie sur Terre. Telle est bien la vraie nature de cette politique politicienne, celle d’un finance zombie qui détruit le vivant en lui suçant le sang jusqu’à la moelle.
C’est toute la vertu des Gilets Jaunes à rompre la loi du silence et contrer l’incompétence, la violence indicible et la bêtise de pseudos-élites cooptées dans une consanguinité malsaine, s’entêtant à reproduire les mêmes erreurs et traitant les opposants par la violence et l’exclusion.
Ce que beaucoup pensent mais ne savent l’exprimer. Merci Laurent.
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Merci Claude de votre commentaire encourageant. En participant à cette décision d’ouvrir de nouveaux marchés à la mondialisation entre des poulets d’Amérique du Sud et des voitures européennes, E.Macron a franchi le Rubicon. Après avoir prétendu axer sa politique sur l’écologie avant les Européennes, il pousse encore un peu plus loin la mondialisation avec des conséquences dramatiques pour la vie sur Terre elle-même. L’avenir n’est pas à manger du poulet d’Argentine ni à continuer à individualiser le transport dans les pays émergents ou en Europe. Où cela mène-t-il de continuer dans des impasses si ce n’est rechercher la guerre ? E.Macron est un danger pour nos démocraties, c’est bien ce qu’il faut expliquer désormais, et dans un blog qui propose depuis longtemps des solutions, cette explication y aura une légitime place dans un prochain article.
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