Quand les « géants du numérique français » répondent à une question simple

Voici ce qui se passe lorsque les « géants du numérique français » ont à répondre à une question simple mais essentielle, celle de la qualité du logiciel:

Une vraie réponse serait de s’attaquer à la question de l’évolution du logiciel afin de rompre avec la politique de court-terme qui transforme inéluctablement tout logiciel en une usine à gaz.

Et de manière d’autant plus aggravée que ces logiciels sont confiés à ces géants du numérique que sont les SSII. Et on peut s’en rendre compte aisément, ces dirigeants n’y connaissent rien et sont justes de bons acteurs s’écoutant parler. La réponse donnée par ce dirigeant cherchant quelque chose d’intelligent à dire sur cet enjeu de la qualité, c’est simplement cette histoire de revue trimestrielle. Très concrètement, c’est un commercial de ces sociétés d’intérim qui vient voir les ingénieurs une fois tous les trois mois chez le client pour s’assurer du renouvellement de son contrat, et de sa propre commission.

On pourrait se dire que notre gouvernement va faire quelque chose. Mais il suffit de prendre connaissance de la composition du cabinet de la  Ministre du numérique pour se rendre compte que le seul ingénieur présent ayant jamais pratiqué l’informatique n’a développé professionnellement que trois mois avant de prendre des responsabilités …

La réponse à la qualité du logiciel, ce serait donc de quitter ce déni de la réalité catastrophique du logiciel en France, de comprendre que ce métier reste artisanal, que personne n’a encore trouvé le graal, et que la méthode qui permettrait en la suivant d’obtenir un logiciel répondant à des besoins donnés n’est pas prête d’exister. Et de comprendre surtout comment ces « géants » des SSII, cette autre exception française parmi tant d’autres, aggravent singulièrement cette situation et ruinent en France ce métier, les industriels et l’emploi.

Bien sûr, il restera de bon ton de parler des startups pour représenter le numérique et oublier le gros du problème.

En attendant, les plus grosses SSII reconnaissent leur incapacité à aller sur le marché américain et escomptent pourtant pouvoir y parvenir. La différence entre la France et les Etats-Unis, c’est que les entreprises française sont particulièrement radines à acheter des outils et leurs licences, et préfèrent réinventer la roue, tandis qu’aux Etats-Unis, les entreprises se tournent bien plus volontiers sur des outils existants ou en cours de création par des startups. En ajoutant à cela qu’ils ont déjà une réponse à la flexibilité du travail. Une société de consultants, que ce soit aux US ou en Angleterre, se destine d’abord à des experts très bien payés pour offrir des prestations spécialisées.

Quant aux questions de conception discutées sur ce blog, on comprendra en étudiant un peu cette vidéo qu’il n’y a rien à attendre de ces SSII pour participer à un quelconque progrès. SSII, simples intermédiaires placés en situation d’imposture à revendiquer le bénéfice financier et de reconnaissance d’un travail auquel ces structures ne participent en rien sur le fond mais juste sur la forme juridique et comptable. Combien de conférences faudra-t-il organiser pour expliquer que renommer le terme SSII en ESN ne va rien changer ?

Informatique: l’enjeu n°1 de l’évolution des logiciels

Depuis les travaux sur la calculabilité dont on a reparlé récemment avec le film sur la vie d’Alan Turing, aucun résultat théorique d’ampleur n’est venu prendre la suite de ses travaux en matière de conception logicielle.
Cela a apparemment été difficile de convaincre de la possibilité de créer une machine, mais maintenant que cela fonctionne, la théorie a été abandonnée et aucune méthode logicielle n’est utilisée dans l’industrie.

Autant il existe une forme canonique pour une base de données avec Merise, autant un programme peut s’écrire d’autant de manières que l’on veut. Il existe bien des langages méthodologiques tels qu’UML, mais ceux-ci ne permettent en aucun cas de concevoir un logiciel étape par étape.
Le logiciel est donc dans cette contradiction de se vouloir être une industrie tandis que c’est du pur artisanat.
Les industriels, désormais beaucoup moins dirigés par des capitaines d’industrie que par des financiers, considèrent ainsi qu’il suffit d’allouer des équipes d’ingénieurs et que cela va se faire tout seul.

L’industrie, ce sont des cycles de développement très longs, typiquement de 15 ans, et le principal enjeu est en réalité de faire évoluer les logiciels plus que de les créer.
Cet enjeu de l’évolution des logiciels n’est pas considéré. Du tout. Et pourtant l’Informatique est une exception tandis que c’est un domaine où la conception pourrait évoluer très vite car le logiciel, n’est pas un matériel physique coûteux en ressources et main d’oeuvre, mais un contenu abstrait et malléable. Il n’est donc pas tiré parti de cette potentialité tout simplement parce que faire évoluer des conceptions en général subit la loi de mouvements conservateurs dont les enjeux politiques n’ont rien avoir avec ceux de la représentation.
Dans la réalité concrète, générer du code a donc très peu d’intérêt en égard à la capacité de faire évoluer un logiciel.
Des projets peuvent être paralysés quand bien même de forts enjeux économiques prévalent, et au bout de quelques mois de développement, jusqu’à 95% du temps employé par les équipes peut l’être sur des buts qui n’ont rien avoir avec les enjeux métiers spécifiques à l’industrie visée.

Cela donne une idée de la marge énorme d’amélioration du rendement à apporter dans le développement de logiciels. Dans de tels programmes en centaines de milliers de lignes de code, il faudrait pouvoir prendre des décisions rapidement, efficacement et savoir sur quels critères trancher entre plusieurs possibilités.
L’idée serait tout simplement d’exprimer à un niveau théorique les résultats validés par des expériences concrètes, d’aller beaucoup plus loin, et d’avoir les outils adéquats pour effectuer les travaux impliqués par des décisions sur la conception.
Il ne s’agit pas de rechercher le Graal en générant des logiciels à partir d’une expression de besoins, mais de travailler sur des enjeux d’évolution à la fois plus simples et beaucoup plus pertinents en égard aux besoins du monde du logiciel.
L’intérêt en est extrême d’un point de vue économique mais aussi dans notre manière d’appréhender en général les problèmes de conception sur le moyen et long terme afin de justifier les décisions prises à court terme.

Et cela aurait aussi un impact sur ces mouvements conservateurs qui bloquent plus généralement toutes les évolutions pour préserver leurs préorogatives, en explicitant à la fois des règles de conception ainsi que les détournements auxquels il faut veiller.

Pallier simplement aux dangers d’Internet

Internet est un espace de liberté depuis toujours. Et il doit et il peut le rester, à condition que chacun y trouve sa propre liberté.

Au moins deux grands dangers relatifs à la censure menacent Internet et les personnes qui y naviguent.

  • Le fait de tomber sur des sites qui corrompent les valeurs propres à une personne adulte, ou qui perturbent profondément et à long terme un enfant dont la personnalité est en train de se construire.
  • Une censure pernicieuse organisée par les lobbys ou les Etats, y compris par des moyens de guerre électronique.

Dans le premier cas, cela peut aller jusqu’à des dérives graves exactement comme pour certaines personnes qui choisissent elles-mêmes de se faire interdire de casino tellement elles se savent incapables de résister à l’appel du jeu.

Pour autant, il est possible de résoudre ce problème simplement car il existe des outils pour que chacun puisse choisir sa propre censure, une censure sur mesure qui filtre les thèmes qui ne correspondent pas à ses choix.

La solution

Par définition, le Web est une toile constituée de liens. On peut partir d’une page d’accueil et accéder à d’autres sites par des liens, ou on peut entrer une adresse directement, ou surtout, trouver d’autres sites par un moteur de recherche.

Pour ce faire, les serveurs du Web ont des annuaires qui permettent de traduire une adresse humainement compréhensible telle que http://www.monsite.com en un numéro du type 211.256.128.002. Exactement de la même manière que le vieux bottin téléphonique où l’on recherchait le numéro d’une personne à partir de son nom.

Ce sont les DNS.

Pour être concret, voici précisément la solution technique avec OpenDNS pour les personnes disposant d’une box chez OVH Telecom. Le principe peut être reproduit simplement chez les opérateurs qui fournissent à chaque box une adresse Internet fixe (adresse IP).

Tout d’abord, il faut s’inscrire sur OpenDNS et choisir son filtrage. Deux adresses DNS sont précisées sur le site en bas de l’écran et il sera nécessaire de les copier/coller. Bien sûr, il faut choisir son filtrage sur le site (qui pour l’instant ne semble pas encore traduit en français).

Capture d’écran 2015-09-27 à 19.32.55

Après il faut vider le cache de votre navigateur afin que celui-ci ne garde pas en mémoire la partie d’annuaire qui a pu être recopiée en local.

Vider cache navigateur

Enfin, il faut se loguer sur le serveur de votre box en rentrant son adresse locale, typiquement http://192.168.1.254 pour les box OVH, et y recopier les adresses DNS précédentes du site d’OpenDNS.

Entrer les adresse OpenDNS

Et c’est terminé !

Bien entendu, une mesure politique très utile consisterait à promouvoir cette solution et imposer à tout opérateur de la rendre possible simplement.

Dans le second cas qui concerne les dangers d’Internet et de sa censure par manipulation politique de tout ordre, c’est plus difficile !

Ingénieurs informatique en France: une profession en danger, une économie bridée jusqu’à l’asphyxie

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L’exemple d’une prestation logicielle

C’est par une anecdote que je commencerai cet article. Celle d’une mission pompier pour un sous-traitant de Alstom.

L’objectif de cette mission était de corriger un problème dans le simulateur des lignes TGV. Il y avait un besoin nouveau de la SNCF qui est de pouvoir programmer à forte fréquence des TGV sur une même ligne, et il se trouve que lors des démonstrations sur le simulateur, inéluctablement, les TGV finissaient par s’arrêter les uns après les autres.

Et sans que la cause réelle soit identifiée. Trois possibilités s’offraient au vu des discussions auprès d’Alstom: – corriger le problème, – retirer des sécurités, – refaire le simulateur. C’est l’existence des deuxième et troisième possibilités qui révélait le plus l’ampleur des dégâts.

Ce simulateur avait été sous-traité il y a une dizaine d’années à la SSII qui offrait cette nouvelle mission en 2014. Ce simulateur avait alors évolué en tierce maintenance applicative selon les besoins métiers exprimés par le client. Jusqu’au jour où Alstom a décidé de délocaliser en Inde l’évolution et la maintenance de ce simulateur. Plusieurs années plus tard, le logiciel est devenu impossible à maintenir, et le logiciel est revenu en France. Malheureusement, les ingénieurs qui développaient ce simulateur au sein de la SSII étaient partis à l’exception peut-être d’un seul, et il fallait donc trouver quelqu’un, un ingénieur, pour intervenir et solutionner le problème. D’où la mission pompier sur ce logiciel qui bien entendu, et comme cela fût confirmé, était devenu une usine à gaz plus qu’un simulateur de TGV.

La réponse des « grands dirigeants du numérique » aux enjeux de la qualité

La politique financière

Dans bien des entreprises, les vrais problèmes ne sont pas résolus et les bonnes décisions ne sont pas prises. Et donc tôt ou tard, il y a un plan social ou des licenciements boursiers. Le principe machiavélique suivant est issu de cas réels :

  • s’endetter et investir pour finir de développer une technologie, ne pas attendre d’en récolter les fruits pour équilibrer les comptes,
  • invoquer la nécessité d’un plan social,
  • se débarrasser de la masse salariale ayant développé les produits,
  • déléguer en tierce maintenance applicative l’évolution et la maintenance du produit réalisé,
  • faire tirer parti aux dirigeants du fruit du travail des ingénieurs qui ont été virés et à qui ils doivent leur place à la tête de l’entreprise, en s’octroyant prime et augmentation de salaire,
  • imposer des normes type CMMI aux sous-traitants en matière de documentation et d’uniformisation des processus de développement,
  • une fois cette normalisation acquise délocaliser en Inde ou en Chine, et augmenter encore artificiellement les bénéfices de l’entreprise,
  • s’octroyer une retraite chapeau et préparer sa succession avant de prendre les voiles,
  • manipuler encore un peu les comptes en revendant les technologies avec les filiales situées à l’étranger,
  • critiquer le gouvernement sur le manque de flexibilité du monde du travail,
  • donner sa démission à titre d’exemple, et recommencer ailleurs à participer à ces tournantes de l’économie qui violent les intérêts de notre pays.

Et bien sûr faire demander tout au fond de la hiérarchie à un ingénieur pompier – un expert – de réparer un problème devenu inextricable.

La réalité des ingénieurs à produire la véritable valeur ajoutée

Cette histoire et l’explication qui s’en suit correspondent au modèle de bien des grandes entreprises en France dirigées par des financiers incompétents dans les métiers de l’ingénierie sur lesquels ils prennent des décisions. J’entends par là que quand bien même on aurait un diplôme d’ingénieur pour savoir ce qu’est un projet, encore faudrait-il avoir exercé sur le sujet. C’est le premier problème. Le second, c’est que le fait d’avoir un très grand salaire ne signifie pas pour autant qu’on le mérite ainsi que le croient ces dirigeants qui sont débarqués à la tête des grandes entreprises françaises.

La réalité concrète, c’est que les ingénieurs sur le terrain, dans la réalisation de la véritable valeur ajoutée de l’entreprise, passent leur temps et énergie à se battre parfois désespérément pour faire au mieux au milieu des choix et conditions aberrants qui leur sont imposés de toute part.

La logique du court terme et le contre exemple d’Apple

Pendant que ces mêmes financiers essayent de grappiller 1 ou 2‰ d’économie sur les salaires ou sur les composants des produits plutôt que faire le boulot d’un entrepreneur qui consiste d’abord à trouver les solutions à de nouveaux besoins, les ingénieurs développant les produits perdent au bas mot 80% de leur temps sur des problèmes que ces entreprises se sont créés à elles-mêmes.

La principale raison est cette logique court-termiste de la finance. C’est-à-dire qu’il faut tirer au maximum sur l’existant sans le faire évoluer au fur et à mesure. Il existe pourtant un contre-exemple fameux qui est celui d’Apple. Je ne parle pas de l’exemple de son ancien dirigeant et de son pull à col roulé mais bien de son système d’exploitation  : il évolue régulièrement et certains composants sont petit à petit écartés jusqu’à devenir obsolètes, et des ruptures majeures sont aussi effectuées.

Car c’est d’abord cette logique court-termiste qui fait entrer l’informatique de ces sociétés dans un cercle vicieux où l’on ne fait que corriger les problèmes du choix erroné précédent. La deuxième erreur, une fois qu’ils se rendent compte que plus rien ne peut être tiré de leur usine à gaz, c’est de lancer un nouveau développement en jetant l’existant et sans savoir concevoir un produit puisqu’ils ont arrêté de faire pratiquer la conception logicielle pendant toute la durée d’évolution et de maintenance du précédent.

Des technologies et des algorithmes métiers voient quand même le jour, mais le quotidien des projets industriels en matière de conception logicielle, cela reste la préhistoire.

L’embolie provoquée par le système français des SSII

Et le pire, c’est que cela ne risque pas de s’améliorer.

En effet, il y a une deuxième raison qui consiste en un véritable fléau de l’informatique en France: ce sont les SSII.

Quand on connaît leur importance en France en terme d’emploi, cela peut sembler invraisemblable. Et pourtant, je ne connais aucun ingénieur, ni n’ai jamais entendu parler d’aucun ingénieur heureux à l’idée de travailler dans une SSII après quelques années. Ce n’est pas compliqué, il suffirait de faire une enquête en prenant les annuaires des écoles d’ingénieurs en Informatique et de demander l’avis de ceux ayant au moins 5 ans d’expérience.

Et alors ? Pourquoi cela fonctionne quand même ?

Parce que l’économie, c’est une compétition et pas un examen. Si c’était un examen avec l’exigence d’un niveau minimal, il n’y aurait quasiment plus que des startups et quelques R&D à faire de l’informatique en France. Et heureusement pour les grandes entreprises, c’est une compétition où l’on peut compter sur le plus faible niveau des autres. Et on peut aussi compter sur les sociétés leaders sur le marché international pour racheter tout ce qui bouge, vendre à pertes pour tuer la concurrence, ou essayer de reprendre ou ne pas hésiter à tuer les produits innovants tout en récupérant les clientèles qui n’ont alors plus ni le choix de leur fournisseur, ni de produits dès lors de piètre facture.

Le principe des SSII

Rappelons le principe suivant d’une SSII: vous prenez un ingénieur, vous le présentez à un client final pour un entretien d’embauche, et ensuite vous ne le revoyez plus, ou au pire tous les 3 mois pour un entretien « qualité » afin de s’assurer de la poursuite de la mission. Mais pendant les 1, 2 ou 3 ans du projet, vous lui ponctionnez 60% de sa rémunération. Simple, non ?

Avec le numérique en France, faire de l’argent facile, c’est un jeu d’enfant.

Une mafia qui fait sa loi même à l’APEC

Et cet argent facile a toujours été un eldorado pour les voyous, et cela donne illusion et fait illusion. Au point que même les services de l’APEC ont été vérolés et ne permettent plus de trouver une offre d’emploi sans filtrer les offres des SSII.

Pour autant, cela devrait être possible mais la configuration n’est pas prise en compte:

APEC: configuration

Et vous vous retrouvez avec une centaine d’offres dont aucune ne semble émaner d’autre chose que d’une SSII.

Difficile d’échapper aux griffes de ces SSII ?

Etre SDF en SSII

Alors qu’est-ce qu’un ingénieur en Informatique dans une SSII ?

La réponse, c’est simple: au bout de 4 ou 5 ans, c’est un SDF, et au bout de 8 ans, c’est un clochard.

En effet, lorsque vous n’avez pas d’autre choix sur le marché de l’emploi que de passer par une SSII, vous devez bien vous y résoudre. La première chose, c’est que vous allez être mal payé. La première mission pourra être intéressante mais ensuite vous n’aurez plus guère le choix que d’aller où l’on vous demande. En cas difficulté sur le marché, les SSII d’envergure nationale, enverront leurs ingénieurs de Paris à Lyon, et leurs ingénieurs de Lyon à Paris, et les licencieront sans état d’âme s’ils refusent, histoire d’épurer un peu et de toucher une prime supplémentaire. Parce que c’est légal: la convention du syntec qui régit les clauses des contrats de travail prévoit en effet la fameuse clause SDF de mobilité nationale. Bien sûr, ce syntec qui est censé représenter la profession ne comprend aucun mais alors aucun ingénieur à sa tête mais essentiellement des commerciaux. Après, si la SSII choisit de ne pas virer l’ingénieur, elle le place en inter-contrat avec surtout l’obligation de ne rien faire, ni de se former, ni de travailler sur un projet, mais de s’ennuyer le plus possible afin d’être prêt à accepter la mission même la plus inintéressante possible.

Le but est clairement de faire un maximum de pognon sur le dos des ingénieurs. D’ailleurs, on ne parle pas d’ingénieurs dans le milieu, mais de « presque à terre de sévices ».

L’ambiance

Chez le client final, ces prestataires de services sont considérés comme des salariés de seconde classe. Ils n’ont qu’un écran, parfois de bureautique à la taille petite inadaptée au développement logiciel. Leur machine est sous Windows Vista (sic) et il leur sera très difficile d’obtenir une barrette mémoire supplémentaire. Bien sûr, eux, leurs chaises n’auront pas d’accoudoir car le confort, c’est fait pour ceux qui s’endorment sur leurs lauriers. Et si le projet est externalisé au sein de la SSII, l’ordinateur dernier-cri foudre de guerre, il n’ira pas à l’ingénieur ayant besoin d’une machine à la hauteur de sa rapidité de réflexion, non, il ira au commercial pour faire sa bureautique. Vous n’imaginez tout de même pas un commercial bien sapé avec un iPhone, une voiture allemande et un ordinateur portable dont le ventilo se met en route chez le client parce qu’il commence à chauffer au moment de noter le prochain rendez-vous trois mois plus tard pour le suivi chez le client d’un de ses ingénieurs ? Les ingénieurs resteront avec leur bagnole d’occasion qu’ils adorent réparer eux-mêmes et un PC forcément d’occasion lui-aussi.

La déception des ingénieurs et l’immense gâchis

Mais un ingénieur qui a fait math sup/math spé, il a le moral et est habitué à travailler dans des conditions difficiles. Alors, il se débrouille pour rêver à de nouvelles technologies. En ce moment, tout le monde parle du Big Data et d’un marché énorme, alors ils s’intéressent aux bases de données NoSQL de FaceBook ou Google par exemple. Effectivement, les grandes entreprises sont au taquet: elles vont développer des POC (Proof Of Concept) pour lesquelles des offres de stages se trouvent sur le Net. L’ingénieur lui, il se fabrique son réseau domotique en programmant des Arduino. Et puis, il est passionné par l’innovation en général et les énergies renouvelables. Alors, comme il n’a pas les sous, il construit ou fabrique lui-même. D’ailleurs, il rénove sa maison lui-même.

Dans les deux cas, il en aura plein le dos: soit parce qu’il ne supporte plus de travailler en SSII, soit parce qu’il se sera chopé une hernie discale en travaillant chez lui. Ce n’est pas un cas particulier, c’est courant.

Et dans les deux cas, la misère n’est pas bien loin. Soit parce qu’il perd son travail, ou pire, parce qu’il se soumet.

La clochard-attitude

Parce que qu’est-ce que c’est qu’un clochard ? C’est quelqu’un qui vit d’aides et d’un peu de charité, dans la précarité et avec des problèmes d’alcool et qui renonce à chercher un travail. Mais, il y a pire que cela, c’est qu’une fois l’hiver arrivé, il refuse de suivre les services sociaux qui lui propose de l’amener jusqu’à un lieu d’hébergement. La raison en est qu’il refusera toujours qu’on lui arrache la seule chose qui lui reste pour donner un sens à sa vie: la misère elle-même qui le fait exister dans le regard que les autres daignent porter sur lui.

Et l’ingénieur en informatique s’habitue à cet état de fait. La déception puis la colère s’estompent et chacun commence à raconter ses expériences pour amuser la galerie, voire même mourir de rire. Comme celle d’une externalisation où il a passé son temps payé par le client final à ne rien faire, à attendre désespérément d’avoir quelque chose à se mettre sous le clavier. Jusqu’au prochain jour de recette chez le client, où le commercial revient vers l’équipe en ayant négocié les nouvelles exigences du client de sorte de leur annoncer la bonne nouvelle: vous n’aurez rien à faire les gars !

En poste chez un client final avec tous les problèmes que l’on rencontre, un trentenaire n’ayant jamais travaillé que dans une SSII, vous déclarera face à un projet en déroute que l’on ne peut rien faire pour faire passer les bonnes décisions. Et puis, au milieu du temps passé à attendre après les différentes moulinettes de compilation, migration, transfert de version, ou livraison qui constituent son rythme de travail alors qu’elles devraient être parfaitement inutiles, il se réjouira plusieurs heures par jour à jouer sur son téléphone portable. Et il aura raison, car en voulant travailler sur plusieurs choses en parallèle, toujours en attente, il se déconcentrera au milieu de la complexité des inutiles complications. Et le client se surprendra à entendre des réflexions du style: « ah, tu n’as pas le moyen de tester ton code, cool, tu vas pouvoir faire de la m… ! ». Mais jusqu’où est-ce de l’humour ?

L’enjeu de la transmission du savoir-faire

D’autre part, il a été écrit dans le marbre qu’un ingénieur est fini dès 40 ans. C’est son âge de péremption. Bien sûr, cela ne résulte d’aucune étude et le fait que ce ne soit pas du tout le cas en Californie ou dans certaines grandes entreprises plutôt performantes comme Schneider Electric n’éveillera pas le soupçon d’une habile manipulation. Et la boucle est bouclée. Dramatiquement. Sans échange entre personnes de différents âges, le transfert de compétences ne s’effectue plus. Il ne s’effectue plus, non pas depuis quelques années, mais bien depuis près de 15 ans ! Et certaines technologies de l’embarqué dont celles qui font l’interface entre le hardware et le software en souffrent cruellement. Pire encore, le développement en C/C++ qui correspond à une quantité gigantesque des logiciels à maintenir sont des technologies qui ne sont plus (assez ?) enseignées.

Depuis longtemps, le transfert de compétences était une condition sine qua non à assurer et cela explique les situations catastrophiques que l’on rencontre depuis plusieurs années y compris, voire même surtout, chez des « leaders » mondiaux. En l’état actuel, les entreprises se rendent compte les unes après les autres qu’elles ne peuvent plus maintenir leurs logiciels. Et elles sont en train des les abandonner, et tentent de les refaire souvent de la pire manière. A savoir sans tirer parti du logiciel existant qu’elles ne comprennent plus et sans s’assurer de savoir concevoir une nouvelle application.

La conception logicielle: une discipline artisanale guidée par l’expérience et par aucune théorie

Pour ces questions d’évolution ou de maintenance, les choses sont en train de changer aux bénéfices des seniors de ces technologies qui pourraient s’imposer dans une mesure probablement incomparable avec celle des anciens du Cobol en l’an 2000. C’est pourtant sur un autre sujet que ces ingénieurs expérimentés apporteraient justement leur plus grande valeur ajoutée.

Et il s’agit des questions de conception.

C’est-à-dire de la clef de de voûte angulaire des logiciels pour laquelle il n’existe aune méthode et où c’est l’expérience qui, pour l’instant, prédomine. Par exemple, on peut déterminer une forme canonique pour une base de données avec la méthode Merise. Mais aucune méthodologie ne permet de réaliser un logiciel en étant guidé étape par étape. Il n’y a que des langages méthodologiques pour représenter la conception des logiciels ou aider à vérifier que les besoins des utilisateurs finaux sont couverts par ces logiciels.

Sauf que le problème d’un ingénieur senior, ce n’est pas tant son coût, mais bien qu’il voit clairement les problèmes. Ce qui n’est ni dans l’intérêt des SSII qui aiment berner les jeunes ingénieurs, ni forcément du client final pour des questions pures de politique interne et d’intérêts de personnes. Un ingénieur senior ne va pas forcément rentrer dans le chou. Mais il aura du mal à s’empêcher de rigoler quand on raconte n’importe quoi, et de le tourner en dérision: on peut contraindre un ingénieur à ne pas faire correctement son travail, mais pas le priver de faire une bonne blague.

Encore que.

La seule véritable solution pour les passionnés d’informatique: les startups ou l’exil

Dans l’état actuel des choses, le conseil que je donne pour un jeune ingénieur est de réaliser des projets passionnants dès sa scolarité en visant à intéresser des startups ou de jeunes entreprises de pointe en publiant ses résultats sur un blog ou sur Github et autres communautés open-sources.  Et du coup de pouvoir à tout moment se casser de France et aller, par exemple, aux Etats-Unis !, ou en Angleterre, dont le marché de l’emploi n’est absolument pas aux mains de sociétés de consultants, bien au contraire.

Il faut aussi veiller à vérifier la réalité du marché que va manipuler le lobby français des SSII afin d’abaisser encore les salaires des ingénieurs. Jusqu’à ce que les politiques s’interrogent sur le fait que plus personne ne veut être ingénieur en France, que le niveau baisse encore, ou que les cerveaux partent systématiquement à l’étranger. Peut-être alors que l’on fera des mesures incitatives ou réglementaires, des mesures de quota sur la répartition dans les différents métiers ??!! Jusqu’où va-t-on descendre ?

A mon sens, s’il n’y avait qu’une seule règle d’or à respecter pour faire ses choix personnels, ce serait de préserver sa capacité à penser par soi-même, de s’assurer d’avoir à la fois l’autonomie et une marge de manoeuvre suffisante pour aller de l’avant et se mettre dans une démarche d’innovation dans la technique, et pas seulement.

Même Axelle Lemaire en témoigne, et même s’il lui a fallu un quinquennat pour cela: ce sont les « innovateurs qui ne participent pas aux structures instituées ou aux lobbies (…) qui créent de l’emploi aujourd’hui. Ancrés dans le territoire, et la tête à l’international.« 

Une loi pour aider à la transition vers une autre forme de contrat de travail

Il y a pourtant une solution aux problèmes que constitue cette réponse artificielle que sont les SSII au problème de flexibilité du travail.

Derrière le délit de marchandage, il faut bien comprendre que les SSII travaillent dans l’illégalité, car, si j’ai bien compris, nos lois s’opposent à ce que l’on revende le travail d’autrui sans y apporter la moindre valeur ajoutée, comme c’est le cas lors de la régie, la réalisation de prestations avec obligation de moyen au sein des locaux du client final.

Entre ombre et lumière

La solution consisterait à créer un nouveau contrat de travail et à le dédier aux ingénieurs informatiques. Il serait possible de l’étendre, mais autant un ingénieur est sélectionné et formé pour apprendre à apprendre et à évoluer, autant ce n’est pas forcément le cas de tout le monde. Il faudrait donc le restreindre à certains métiers.

Ce contrat, ce serait le contrat de projet à durée indéterminée. Il s’étendrait de 3 mois à 5 ans et serait non renouvelable. Une prime de 3 mois serait systématiquement donnée. Un préavis de 3 mois devrait être respecté, et dès lors qu’il est signifié, un montant de 1 mois de prime serait versé au salarié, la date d’émission de cette somme faisant foi (afin d’éviter un préavis constant). Cela lui permettrait de faciliter sa recherche d’emploi et 3 journées ou 6 demi-journées par mois seraient réservées pour cette recherche. Le fait de prévenir six mois à l’avance permettrait à l’entreprise d’avoir une exonération partielle de charges sur la prime. L’exonération de charges sur cette prime serait complète pour un contrat de 5 ans. Les deux derniers mois du montant restant de cette prime seraient bloqués sur un compte épargne pendant 5 ans, sauf en cas de chômage non indemnisé ou de projet de création d’entreprise. Ces trois mois de prime assureraient aussi un trimestre de cotisation pour la retraite. Le salaire versé à ces salariés devrait être en moyenne au moins 10% supérieur à ceux des salariés de l’entreprise pour un poste équivalent.

Un tel contrat aurait un impact direct massif sur l’économie française alors que le numérique est un moyen essentiel de création d’emploi ainsi que notre ministre de l’Economie le promulgue. Il y aurait une flexibilité saine et les entreprises ne paieraient plus très cher des SSII qui font tout pour leur pomper de l’argent au vu de leurs intérêts personnels.

La possibilité d’injecter massivement dans l’économie des technologies de demain

Il y aurait aussi une autre conséquence tout aussi dramatiquement positive: ce serait l’injection massive de pouvoir d’achat dans ce qui constitue la véritable matière grise française. En conséquence, plutôt que d’employer cet argent à acheter des bagnoles allemandes ou des iPhones à des commerciaux et aux sangsues du high-tech, il y aurait un redéploiement de ces sommes vers les centres d’intérêts des ingénieurs, à savoir: les énergies nouvelles, la domotique, l’impression 3D, la rénovation d’habitat, …, et bien sûr, la création d’entreprise. Parce qu’il n’y a pas un ingénieur qui ne pense à créer son entreprise quand il voit l’inefficacité avec laquelle son temps est employé.

Et plus jamais on ne verrait parmi nos meilleurs ingénieurs ou développeurs se retrouver en congé maladie parce qu’ils ont voulu faire eux-mêmes ce qu’ils n’avaient pas les moyens de faire faire par des artisans aux outils et méthodes spécialisés.

Quand finira l’imposture ?

Un ingénieur en régie ne travaille pas dans une SSII, il travaille pour le client final, et la SSII n’est qu’un intermédiaire. Les SSII travaillent dans l’illégalité pour les cas de plusieurs dizaines de milliers d’ingénieurs. Il est temps qu’une loi vienne régulariser leurs situations face à cette véritable clandestinité où il leur est interdit de discuter directement des problèmes avec le client final ou de faire évoluer leurs propres positions.  Il s’agit de s’affranchir du travail en cachette où l’ingénieur a le devoir moral d’éviter à la SSII et au client final de s’exposer indéniablement au délit de marchandage.

Une loi qui doit permettre au salarié de la SSII de reconvertir son contrat au sein de la SSII en un nouveau contrat de projet au sein du client final. La SSII ne devra garder que son rôle réel d’apporteur d’affaires qui ne justifie en rien les 50% de marge qu’elle se fait au bas mot sur le dos des ingénieurs et des clients finaux, industriels ou groupes du tertiaire. Un apporteur d’affaires dont l’intervention, et il serait temps de le dire, n’a rien de comparable avec le travail complexe nécessaire pour réaliser ou mettre en oeuvre une technologie. Quant aux inter-contrats, qui les paye ? Les SSII ou Pôle Emploi ? Il faudrait faire des statistiques au vu du nombre d’ingénieurs qu’on se débrouille pour virer à la fin de leur mission.

Cessons enfin de faire des lois ou de laisser détourner des lois pour des enfants gâtés qui s’attendent à ce que tout leur tombe tout cuit dans le bec.

Une autre solution encore plus simple

Un métier dédié au service n’est pas l’apanage des prestataires informatiques mais aussi d’autres professions et particulièrement des auxiliaires de vie dans le cadre de services aux personnes. Et le travail de ces auxiliaires se fait au sein d’association loi 1901. Imposer aux SSII la transition vers structure similaire serait une solution très intéressante et aux conséquences sans aucun doute bien plus bénéfiques à l’économie et aux ingénieurs.

Liens sur d’autres retours d’expérience

Vous trouverez à http://www.developpez.com/actu/66714/L-enfumage-des-SSII-retour-d-experience-d-un-developpeur-sur-l-embauche-des-SSII/ le retour d’expérience d’un de mes jeunes confrères qui par chance s’en est très bien sorti et dont voici la conclusion:

« Pour finir le salaire et les conditions proposés par la « vraie boite » (concrètement, un salaire 3,7k au-dessus du salaire moyen de mon école, 5,7k au-dessus du plus gros salaire proposé en SSII, et 10k au dessus du plus bas salaire proposé, avec une prime annuelle qui peut atteindre l’équivalent d’un mois de salaire, et sous convention métallo, dans une boite en province) Ces expériences ont fini de me convaincre que les SSII étaient vraiment des marchands de viande, pour rester poli… »

Un autre blog https://ploooooc.wordpress.com/ parle avec humour de ce qu’est la vie d’un consultant. Un article sur rue89 http://rue89.nouvelobs.com/2010/11/19/etudiants-ingenieurs-gare-a-la-presta-face-cachee-du-metier-176607 parle de cette situation et est issu du blog http://petitpresta.blogspot.fr/p/2-fonctionnement-dune-boite-de-presta.html dont notamment http://petitpresta.blogspot.fr/p/3-entourloupes-classiques.html. Se trouve aussi sur ce site un témoignage de la détresse qui envahit les débutants en entreprise avant de réaliser qu’ils vont de voir composer avec la bêtise et les caprices des enfants gâtés des SSII: http://petitpresta.blogspot.fr/p/5-references-reglementaires.html.

En cherchant « marchand de viandes » sur Internet, il y a aussi Les SSII: « des boites à viande » et L’assassinat lâche des ingénieurs par les SSII, avec des points de vue en commentaires tels que:

A peine je viens de commencer mon job depuis une semaine que je me prends cette réalité en pleine gueule. Une seule chose me vient à l’esprit: Tout ça pour ça ?? Prépa maths sup, grande école pour ça ?? Limite j’en chiale.

La différence entre l’image que j’avais de l’ingénieur (…) et la réalité est horrible. Le monde, ou tout du moins la France n’a pas de futur comme ça. Ingénieur, c’est devenu banal. Certains RH te diront que tu ne vaux pas plus qu’un BTS qui a plus d’expérience que toi.

Encore une fois, tout ça pour ça ?

ou:

La même pour moi .. Grande école pour pouvoir faire de ma passion un métier enrichissant (intellectuellement tout du moins) … et prends ça dans la gueule.  Fuyons mes amis, fuyons 🙂

Il y a aussi: La pénurie d’ingénieurs en France ? Bullshit …, ou Le monde des SSII (plutôt « soft »).

Sans oublier sa définition très « littéraire » à ne surtout pas manquer: http://www.languefrancaise.net/Bob/24253.

Enfin, à http://fr.wikipedia.org/wiki/Activit%C3%A9s_informatiques_en_France sont détaillés les chiffres d’affaires réalisés par les SSII dont il faudrait aussi faire évaluer le gâchis phénoménal.

Au gouvernement, ils commencent peut-être à se douter qu’il y a un souci: http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-si-paye-de-l-etat-346-meteuro-pour-une-valeur-d-usage-nulle-60217.html. Ils ont dépensé 346 millions d’euros pour des prunes …

Rien que 10% du chiffre d’affaires réalisés dans le conseil en systèmes informatiques représente déjà les 2 milliards qui pourraient être réinjectés dans l’économie du high-tech en incluant le pouvoir d’achat de ceux qui sont bridés pour construire le futur technologique.

Cabane

Créer son entreprise: devenir indépendant en Informatique

Beaucoup de personnes songent à quitter le salariat, devenir indépendant, et être leur propre patron.

Tout particulièrement, les ingénieurs et développeurs informatiques employés par des SSII aimeraient travailler directement pour un client final. Ces SSII ont pour objectif affiché de placer des ingénieurs pour des missions chez des industriels ou autres entreprises tertiaires. L’ingénieur travaille dans les locaux du client final et est payé par la SSII. C’est ce qu’on appelle la régie.

Dans certains cas, les clients finaux externalisent au forfait certains projets et les ingénieurs travaillent alors dans des locaux de la SSII. C’est beaucoup plus rare.

Dans la profession, chacun a son école de pensée sur tous les sujets, mais s’il y a bien une chose qui fait l’unanimité parmi les ingénieurs ayant quelques années d’expérience, c’est que les SSII sont vraiment une très mauvaise réponse à un vrai problème qui est, à première vue, celui de la flexibilité du travail.

Ce problème fait l’objet d’un autre article et l’idée ici est simplement de préciser que beaucoup d’ingénieurs aimeraient devenir indépendants et avoir leur propre clientèle: c’est le but de cet article de donner des informations et conseils, et aussi de dire à quel point cela peut être intéressant financièrement, professionnellement, sur le plan personnel, sur l’apprentissage de la comptabilité et de la fiscalité, sur les aspects juridiques et commerciaux, et pour la création d’entreprise en général.

Le retour du Gaulois

La question des risques

La première inquiétude qui vient à l’esprit de ceux qui veulent se mettre à leur compte ou de leur conjoint, c’est que c’est risqué. Pourtant, lorsque l’on devient ingénieur, le moins que l’on puisse dire, c’est que cela demande des études longues, de passer des concours et c’est bien aussi pour se préparer à devoir affronter des difficultés par la suite. Croire qu’entrer dans une certaine facilité d’une vie salariée au sein d’une entreprise « pépère » peut être passablement plus risqué à long terme. Espérer ainsi pouvoir faire toute sa carrière dans une entreprise serait aujourd’hui faire preuve d’une incroyable naïveté. Se remettre en cause à temps est donc salvateur sur le long terme. S’habituer à prendre des risques limités à court terme peut ainsi être bien plus bénéfique à long terme.

Maintenant, il vaut mieux une stratégie, et cette stratégie, c’est tout simplement d’aimer son métier et de se passionner pour l’Informatique. C’est clair que tout le monde peut avoir moins d’envie à certaines périodes de sa vie et alors il est aussi possible de redevenir salarié à ce moment là.

Du point de vue du marché du travail, en période de crise, les entreprises (clients finaux ou SSII) n’hésiteront guère entre prendre un sous-traitant et un salarié pour un besoin ponctuel de moins de 2 ans. Si l’on cherche un travail, le fait d’être indépendant serait donc un avantage. De plus, une fois bien installé, rien n’empêche, bien au contraire, de travailler pour plusieurs clients en même temps ou successivement, ce qui réduit les risques.

Une idée serait d’ailleurs de s’associer à plusieurs indépendants sur un ensemble de clients pour qui l’on travaillerait sur le long terme plutôt que sur des périodes limitées typiquement de 18 mois comme c’est le cas pour les SSII afin d’éviter le délit de marchandage.

Lorsque le marché du travail est à la hausse, la question ne se pose bien sûr pas et il y a du travail pour tout le monde.

Alors si vous lisez encore ces lignes, c’est que vous êtes prêts à franchir le pas !

L’aide à la création d’entreprise

Et il y a une très bonne nouvelle, c’est que la création d’entreprise est particulièrement encouragée en France par la convention d’assurance chômage. Etre licencié aujourd’hui est une opportunité à saisir absolument, avec en bonus la satisfaction de ne plus se faire … avoir, surtout s’il s’agissait d’une SSII.

En effet, en se mettant à son compte, l’ANPE octroie une aide de 1 an de chômage distribuée en 2 fois. Cela représente au total environ 70% de votre salaire annuel net précédent. D’autre part, si au bout de un an, votre projet échoue, il vous reste la seconde année d’assurance chômage. Ceci peut varier si vous n’avez pas travaillé un nombre suffisant d’années auparavant. Plutôt que de redevenir salarié où vos droits cessent, l’avantage, c’est que vous empochez ces 70% d’une année de salaire. La contrepartie, c’est qu’au bout de 2 ans en étant à votre compte, vous ne toucherez plus un sou d’assurance chômage. C’est là le risque contre lequel il faut se prémunir, et vous aurez deux ans pour le faire, en vous constituant une clientèle, en mettant de l’argent de côté ou en bénéficiant de l’appui d’un tiers, conjoint ou parent, pour couvrir le risque restant.

L’autre bonne nouvelle, c’est que vous pourrez demander une exonération de charges sociales à l’URSSAF (ces aides sont l’ARCE et l’ACCRE).

Pour autant, il faut bien comprendre que ces aides ne sont pas des cadeaux mais de réelles aides et un tremplin pour commencer. Bien que vous n’aurez quasiment pas de cotisations à payer au début, vous ne serez plus payé comme un salarié en fin de mois, mais 30 jours encore plus tard. L’aide de l’ANPE va donc vous servir de trésorerie pour régler vos frais de déplacements et vivre les premières semaines. L’ANPE peut payer rapidement le premier versement pour les 6 premiers mois dès lors que l’ACCRE a été acceptée par l’URSSAF.

On se lance ?

L’inscription

Alors c’est parti pour l’URSSAF en tant que professionnel libéral BNC (bénéfices non commerciaux) ! Vous remplissez les papiers avec un conseiller et vous faites la demande d’ACCRE. Et profitez-en pour être aux aguets de toutes les journées d’informations ou de formations proposées par les différents partenaires ANPE, CCI, URSSAF, etc.

A partir de ce moment là, vous allez être immatriculé à l’INSEE et recevoir votre numéro SIRET d’entreprise. Celui-ci est constitué du SIREN que vous garderez à vie et de 5 chiffres qui constitue le numéro d’établissement. Il n’y a pas de KBis pour les libéraux.

Prévenir le harcèlement publicitaire

Juste un détail: dès réception de votre SIRET fourni par un courrier de l’INSEE, et afin d’éviter d’être harcelé par des publicités voire de subir des tentatives d’escroqueries de sociétés se faisant passer pour des organismes officiels, demandez à l’INSEE de ne pas livrer vos informations d’entreprises telle que votre adresse. D’autant que l’adresse, l’email et le téléphone sont souvent les mêmes que les vôtres en tant que personne physique. Il faut envoyer une lettre avec accusé de réception au Directeur général de l’Insee – Timbre E230 – 18 Boulevard Adolphe Pinard – 75675 PARIS CEDEX 14, en demandant à ne pas diffuser les informations transmises par l’URSSAF à l’INSEE en égard à l’Article A123-96 du code de Commerce. Une FAQ de l’INSEE l’expliquait mais elle a disparu. Normalement, au moment de l’inscription à l’URSSAF, on devrait pouvoir le faire. Si vous y arrivez, n’hésitez pas à le préciser en commentaire de ce blog. Cet annuaire permet de rapporter de l’argent à l’INSEE, tout en faisant perdre un temps considérable aux entreprises et tout en facilitant les escroqueries [les fichiers vendus à des tiers par l’INSEE sont revendus sous le manteau, lire l’article de Ouest France à ce sujet].

Le choix du régime

Vous allez alors recevoir une lettre des Impôts vous demandant votre régime fiscal. Pour un boulot d’ingénieur-conseil, se mettre en auto-entrepreneur ou à une autre forme de micro-entreprise ne correspond pas à une activité à temps plein et vous allez faire sauter le plafond fiscal. Le passage au régime ‘réel’ est adapté. Après vous avez le choix de télédéclarer la TVA réelle tous les mois ou de passer au ‘réel simplifié’ et de payer tous les trimestres (CA4) des avances avec un récapitulatif tous les ans (CA12). Un gros avantage de la deuxième solution, c’est que vous avez jusqu’à la fin de l’année pour faire votre comptabilité et donc pouvoir corriger les erreurs probables de vos premières écritures comptables.

Les professionnels de la vie des entreprises libérales: services des impôts, AGA, caisses (et expert-comptables)

Lorsque vous remplirez ces papiers, c’est l’occasion de rencontrer le service des impôts des entreprises afin de s’assurer qu’il n’y a pas d’erreur et de recevoir quelques conseils. Au-delà de tout préjugé, soyez bien assurés que leur compétence et leur expérience de la vie des entreprises en feront des alliés pour votre activité. En cas d’erreur ou d’oubli de votre part, un simple courrier suffit normalement pour lever une pénalité. En cas de difficultés, vous pourrez les solliciter et ils pourront vous aider à y pallier.

En attendant ces courriers, il y a une démarche essentielle à faire, c’est de trouver une association de gestion agréée (AGA) et de s’y inscrire rapidement: le délai est de 3 mois. Vous pourrez y recevoir le guide du professionnel libéral qui vous sera utile de suite. D’autre part, l’AGA vous apprendra à faire une déclaration contrôlée 2035 vous évitant une majoration fiscale de 25% de vos bénéfices sur l’impôt sur le revenu. Le plus important, ce sont les formations. Il faut qu’elles soient dispensées sur la comptabilité et la fiscalité, et pas seulement sur des disciplines annexes. C’est aussi l’occasion de rencontrer d’autres professionnels libéraux de milieux différents.

La cotisation vieillesse

Cela semble avantageux de ne pas payer de cotisation, mais il y en a une pour laquelle il faut faire attention: la Vieillesse. Et celle-ci coûte assez cher mais cela coûte encore plus cher de ne pas avoir ses trimestres afin de pouvoir prendre sa retraite. Depuis la loi Raffarin, il faut faire suffisamment de bénéfices pour pouvoir obtenir 4 trimestres par an (il faut faire un peu moins de 6000 euros de bénéfices pour avoir les 4 trimestres), sinon seul 1 trimestre est validé. Il est ainsi possible de se retrouver dans la situation ubuesque de ne pas pouvoir valider 3 trimestres sur 4 parce que les cotisations vieillesse payées pendant l’année abaissent suffisamment votre revenu pour ne plus y avoir droit. Bien entendu, vous continuez à payer pour tous pendant ces trois trimestres, mais pas pour vous, c’est juste pour la gloire. Par exemple, dans une situation économique difficile, les personnes ayant des faibles revenus cotisent ainsi uniquement pour ceux qui gagnent suffisamment bien leur vie. Avec l’ACCRE, il n’y pas de cotisation pour les trimestres jusqu’à la régularisation l’année d’après, et vous pourrez avoir à payer une part de cotisation si vos revenus sont suffisamment élevés. Il faut vous-même demander à payer la cotisation de retraite complémentaire. Et même si la CIPAV sait que vous bénéficiez de l’ACCRE, il vous faut leur transmettre l’attestation.

Là, cela commence à être pas mal du point de vue administratif.

La comptabilité

Reste les aspects comptables. Il faut travailler en HT (hors taxes) sinon vous allez à coup sûr payer de l’impôt sur le revenu sur de la TVA. Ce serait vraiment du gâchis. Certains logiciels comptables tels que Ciel Compta Libérale choisissent pourtant pour vous de vous mettre en TTC par défaut … C’est peut-être valable pour ceux qui sont en franchise de TVA mais ce n’est pas votre cas.

Reste une question difficile que personne ne va vous expliquer pour la simple et bonne raison qu’elle implique plusieurs années tandis que tous les organismes dont l’AGA voire même votre éventuel expert-comptable ne s’intéressent qu’à une seule année à la fois. Cette question, c’est celle de la régularisation anticipée ou non des charges. Cet enjeu découle directement de la spécificité des professions libérales, à savoir que vous serez imposé sur le revenu et non sur l’impôt sur les sociétés. Et la différence tient aux différents taux appliqués sur les tranches successives de votre revenu.

Prenez votre souffle: si vous avez une tranche marginale d’imposition à 10% pour vos premiers revenus de 2015 et de 30% pour ceux de 2016 parce que vous augmentez votre résultat, vous paierez donc plus d’impôts en 2017 sur ces revenus de 2016. Et, compte tenu que vos appels de cotisations de fin 2017 seront basés sur les résultats de 2016, on vous fera en plus un rappel de charges dès 2017. Si vous escomptez continuer à augmenter vos résultats chaque année, vous finirez à la tranche la plus haute de l’impôt sur le revenu et vous pouvez laisser faire. Si ce n’est pas le cas et que vos revenus se stabilisent en 2017 ou pire diminuent avec une tranche marginale d’imposition à 10%, vous allez payer de l’impôt sur le revenu sur les charges que vous n’avez pas payées en 2016 et que l’on vous demande de payer en 2017. Si par exemple il s’agissait de 10 000 euros de charges, on va vous les réclamer en 2017, ce qui est normal, mais en plus vous allez payer 30% d’impôt sur le revenu de 2016 dessus, soit 3000 euros. Et ce qui est extrêmement important de comprendre, c’est que vous auriez mieux fait d’appeler et d’écrire à vos caisses en leur donnant une estimation de vos revenus afin de payer ces 10 000 euros de charges dès 2016 et non d’attendre 2017 de sorte de ne pas payer 30% – 10% = 2000 euros en plus, mais bien au contraire d’économiser 30% = 3000 euros d’économies sur votre impôt sur le revenu de 2016. Cela fait une différence de 5000 euros en plus ou en moins dans votre poche.

Lorsque l’on a des revenus qui ne varient pas considérablement d’une année sur l’autre, cela finit par converger. Maintenant, il reste la question de la première et deuxième année avant d’entrer en régime permanent. C’est clair que si vous faites une première ou deuxième année importante, il faut absolument faire un prévisionnel en le sous-estimant (cf ci-dessous dans ce paragraphe) et le fournir aux caisses afin de payer vos charges avant la fin de l’année et ainsi diminuer votre impôt sur le revenu. Du coup, votre revenu va baisser et il est probable que les caisses aient un surplus de paiement, et c’est pour cette raison qu’il faut légèrement sous-estimer et résoudre les équations de calcul. Ce que j’ai fait pour vous et je vous laisse le soin de vérifier mes formules: si les caisses prélèvent 30% sur vos revenus, il faudrait en réalité qu’elles prélèvent 30% / ( 1 + 30%) = 23% et il faut donc déclarer un revenu de 23 / 30 de celui que vous estimez et donc de retirer 25% en gros de votre revenu prévisionnel. Si en fin de compte vous êtes très en-dessous, il y a quand même un risque de pénalité mais ce sera jamais pire qu’un impôt sur le revenu qui explose. Et puis vous pouvez placer l’argent. Il faut même le faire pour au moins 30% de ce que vous gagnez puisque rien que la TVA fait 20%.

Le choix du logiciel

Plusieurs solutions existent bien sûr sur le marché.  Il y a notamment la solution www.macompta.fr qui va directement à l’essentiel, est simple, et sans artifice marketing pour vendre de la complication. De plus, il s’agit d’un éditeur indépendant, et au moins sait-on où va son argent. Le support est réactif et se montre souple si nécessaire.

La seule chose vraiment essentielle à sa survie

Maintenant, il faut s’occuper de son business. La règle de base, c’est de se concentrer sur son activité quoi qu’il arrive et d’être patient, de semer pour récolter.

Ca monte bon pied bon oeil

Si vous avez des soucis avec un service contentieux d’une caisse qui vous cherche des poux parce qu’il est incompétent, mieux vaut changer de caisse en ayant payé au pire ce qu’ils vous demandent à tort. Il ne faut pas bien sûr payer des gens pour qu’ils vous fassent perdre votre temps. Si d’un point de vue personnel, vous vous attirez des jalousies parce que vous êtes libres et gagnez de l’argent, autant déménager et se concentrer de plus belle sur son activité. Si un client ne paye pas après plusieurs mois, ne pas perdre de temps à l’appeler, envoyez des courriers recommandés, mettez les justificatifs de côté, et profitez-en pour vous lier à un avocat, et retournez à votre activité, encore et encore quitte à faire une croix sur une dette.

La chose la plus est importante avec laquelle il vous faut être intransigeant, c’est la propriété intellectuelle. Quoi que vous réalisiez, il ne faut jamais céder la propriété intellectuelle tant que vous n’avez pas été payé. Si une SSII vous plante, il faut que vous puissiez continuer votre travail quitte à travailler directement chez le client final et être payé pour cela. Plus important encore, si vous inventez un concept ou mettez au point une technologie, gardez-vous le droit d’utiliser cette technologie à votre propre compte et ainsi de pouvoir la faire évoluer au cas où vous soyez spolié, ce qui vous sera difficile d’éviter à tous les coups. Ne jamais céder l’exclusivité d’une technologie que vous avez développée: partagez-la. Lors d’une négociation, il suffit de continuer le temps qu’il faut en tenant bon parce que l’on sait que ce que l’on demande est juste. Négocier pendant plusieurs heures et ne pas flancher sur des détails à la dernière minute ne doit pas vous faire peur. Ne jamais se laisser culpabiliser par des commerciaux de SSII qui se vantent de faire du business, contentez-vous de relever gentiment leurs incohérences: en général, on n’a que l’embarras du choix.

Salarié, indépendant: une différence à maîtriser

Etre indépendant ou salarié, ce n’est pas la même chose. Le principe est de n’avoir aucun lien de subordination. Des horaires imposés et vérifiés, des dates de vacances imposées ou des directives de comportement, et c’est la requalification immédiate que risque le client ou la SSII avec qui vous êtes sous contrat. Cela ne veut pas dire que l’on fait ce que l’on veut, il faut bien sûr respecter le règlement intérieur du client final typiquement pour des questions de sécurité et il faut aussi s’adapter: on ne prend pas des vacances juste avant la sortie d’un produit non pas parce que le client peut vous l’imposer mais parce qu’il risque fort de ne plus vouloir travailler avec vous autrement. En général, les entreprises ou SSII font des contrats de régie renouvelables d’une période de 3 mois ou plus. Le contrat peut s’arrêter de leur part au bout d’une de ces périodes mais vous aussi, vous pouvez le faire. La règle d’or c’est bien sûr de finir son travail et prévenir suffisamment à l’avance pour ne pas mettre le couteau sous la gorge du client. Vous pouvez aussi offrir une semaine au client afin d’effectuer le relais avec la personne qui vous remplace.

La spécificité du libéral au sein de l’entreprise cliente (finale)

Lorsque l’on devient ingénieur, on ne s’intéresse souvent qu’à la technique. Au bout de quelques années en entreprise, on comprend que ce sont en réalité des problèmes humains qui se cachent derrière les problèmes techniques. Il n’y pas de loi du silence en France, et en libéral, vous avez donc cette chance de ne pas avoir de patron. C’est une chance pour vous mais aussi, pour votre client, car vous allez pouvoir dire la réalité des problèmes techniques que vous découvrez avec un oeil neuf.

Bien des grosses entreprises passent 80 à 90% de leur temps à régler les problèmes qu’elles se sont créés à elles-mêmes en raison de mauvais choix ou d’une absence coupable de risques technologiques qui s’avèrent beaucoup plus dangereux qu’autre chose (c’est le sujet de ce blog de parler des problèmes théoriques qui se posent).

A partir de là, il y a le choix entre se contenter de faire ce qui est demandé ou alors d’essayer de trouver les vraies solutions. En situation de crise comme actuellement où les entreprises peuvent jouer leur survie, il y a une opportunité de parvenir à faire passer ces vraies solutions.

Pour autant, il est difficile de régler en quelques mois une accumulation de plusieurs années d’erreurs. Il faut trouver par quel bout prendre les problèmes et c’est difficile même si avec l’expérience, les problèmes sautent aux yeux. En effet, en général, les problèmes sont imbriqués, et la résolution d’un premier problème ne donnera pas forcément de résultat. Il faut trouver un chemin vertueux de résolution des problèmes. Quoi qu’il en soit, si vous proposez des vraies solutions, il y a le risque d’être attaqué sur le simple fait de remettre en cause des choix aberrants sur lesquels l’entreprise ne pourrait revenir parce qu’il n’y aurait soi-disant plus le temps ou que ce serait trop difficile. Une maison, cela se construit en dur tandis que le soft de software cela veut dire ‘mou’. Avec une analyse, une solution par étapes peut être trouvée quitte à employer des refactoring massifs. Maintenant, si l’entreprise préfère demander l’avis du marabout de service, autant faire à la rigueur comme des salariés de votre client, penser à votre intérêt personnel, faire ce que l’on vous demande, apprendre le plus possible et commencer à chercher ailleurs.

Par contre, si l’on vous écoute même en doutant, autant foncer.

Derrière les problèmes techniques, il y aura toujours une ou plusieurs personnes: ce sont en général des manipulateurs. Ces personnes harcèlent plus ou moins violemment, vous allez devoir nettoyer leur m…, ils vont dire que vous n’avez rien fait, ils expliqueront devant toute l’équipe ce que vous avez fait en le reprenant à leur compte, ils feront de vous la cause des problèmes, ils demanderont alors à reprendre la main, modifieront un peu ce que vous avez fait, promulgueront les résultats de votre travail à leur avantage, seront augmentés et continueront à vivre sur votre travail aussi longtemps qu’ils le pourront. Et vous, vous risquez de ressortir mal vu de cette expérience parce que vous rentrez un peu dedans.

Il est donc important de faire reconnaître son travail en faisant des points ponctuels avec le client, et en sollicitant dès le début à ce que vos résultats puissent vous servir comme référence.

En tant qu’indépendant sans velléité politique chez votre client, il y a quand même plus de marge de manoeuvre à la rigueur qu’en tant que salarié. Il faut manier le chaud et le froid. Travailler dur si nécessaire pendant plusieurs mois et lorsque le moment est venu, obtenir pour soi ce qui est nécessaire pour que l’entreprise vous respecte et ainsi permettre de continuer à l’aider. C’est d’abord en reconnaissant ouvertement le travail de vos collègues que vous gagnerez la confiance. Cela, typiquement lors des réunions d’équipe type Scrum. Et le cas échéant, en relevant tout aussi bien les contradictions des manipulateurs, ils finiront par se soumettre tant que vous n’aurez pas fini votre travail. Une fois le le succès acquis sur le projet, il n’y a plus qu’à partir et l’entreprise retournera de plus belle à ses travers ! C’est exagéré un peu car lors de gros succès, l’entreprise peut essayer de comprendre ce qui s’est passé et en tirer des leçons. Y compris donc en vous fournissant une référence.

Devenir indépendant en Informatique peut demander plus d’expérience humaine que technique. Quoi qu’il en soit, il faut un comportement irréprochable et patient, mais cela n’empêche pas d’être libre et dire ce que l’on pense en faisant fi de ces lois du silence qui sont le lot de bien des entreprises.

Toutefois, mieux vaut attendre d’avoir quelques années d’expérience et de ne pas casser le marché soit par les prix soit en faisant renoncer les entreprises à prendre des indépendants.

La question des tarifs: on gagne vraiment plus qu’en salarié !

C’est la loi de l’offre et de la demande qui régira votre business. En tant qu’indépendant, il ne faudrait pas pouvoir concurrencer les salariés de l’entreprise qui vous prend comme sous-traitant (je retrouverai peut-être le texte de loi à ce sujet), et vous devriez donc coûter plus cher à cette entreprise que si vous étiez son salarié. En-dessous de 280 euros par jour en province, autant oublier son diplôme d’ingénieur et passer à un métier non délocalisable. A l’international et en tout cas aux Etats-Unis, un tarif de $800 par jour est envisageable. Au forfait, il n’y a plus simplement obligation de moyens mais de résultats, il faut donc bien évaluer le temps nécessaire quitte à faire x 2, et mettre un tarif bien plus élevé qu’en régie. Il faut aussi un cahier des charges, un échéancier de paiements, et définir sur quoi se fera la recette.

Lorsqu’on se retrouve engagé pour une mission soi-disant facile et qu’en réalité, c’est l’arbre qui cache la forêt, alors il y a matière à renégocier. Il est possible aussi d’afficher la couleur, de proposer un tarif d’appel puis de préciser qu’une fois vos preuves faites, vous renégocierez au tarif le plus adapté à la valeur ajoutée que vous apporterez. Il y a une demande certaine en Informatique, autant en profiter maintenant. Surtout dans le cas où le lobby des SSII réussirait à augmenter artificiellement le nombre de diplômés pour faire baisser les prix (et accélère encore l’exode de matière grise et autres conséquences désastreuses …).

Si on vous appelle, tapez dans des tarifs élevés. Bien sûr, si on ne vous rappelle pas, il faut ajuster à la baisse ! Personnellement, ne pas parler sur sa propre initiative de tarif ou de salaires ou autres avantages a toujours été une règle, une stratégie même, car l’essentiel est l’intérêt du projet d’un point de vue technique ou de par ce qu’il apporte aux utilisateurs finaux.

Globalement, on gagne nettement plus qu’en salarié, au moins 1000 euros net par mois. Et de surcroît, il est possible de passer en charge des frais mixtes, telle qu’une partie de son loyer au pro-rata de la surface utilisée. Même chose pour la voiture: l’utilisation du barème kilométrique est simple et intéressante financièrement.

Le seul mais considérable risque de santé à couvrir

A ma connaissance, il n’y a qu’un risque véritablement à être indépendant, c’est celui d’un problème de santé ou d’un accident de la vie qu’il faut couvrir avec une assurance particulière. Une assurance peut être acquise pour se couvrir ainsi que ses proches. Cette assurance doit être en loi Madelin. Elle coûtera le même prix que si vous étiez salarié en gros, mais comme vous la déduirez de vos charges, elle vous coûtera donc beaucoup moins cher (si vous ne comprenez pas ce point, il est possible de faire une formation de 3 jours à Chambre de Commerce et d’Industrie, d’autant plus si vous êtes chômeur avec des droits à la formation, elle pourra ne rien vous coûter).

Une nouvelle fois, rien ne vous empêchera de redevenir salarié. Si vous prenez des risques et travaillez beaucoup, tôt ou tard, il peut être nécessaire de se reposer physiquement et mentalement et redevenir salarié apparaîtra comme de vraies vacances où l’on se contente de faire ce que l’on nous demande, et de profiter de sa vie de famille ou vie personnelle. Par ailleurs, l’occasion se présentera peut-être d’elle-même car vos clients tiendront sûrement à vous embaucher. D’autant qu’une expérience d’entrepreneur quelle qu’elle soit, c’est aussi la capacité d’assumer son destin et certaines responsabilités. Et c’est appréciable pour un chef d’entreprise dont c’est le travail au jour le jour, et qui se pose toujours la question de savoir comment faire rentrer de l’argent, s’adapter aux besoins de ses clients, gérer son équipe, etc.

En conclusion, vivement que les ingénieurs aient tous la capacité de travailler en indépendant  !

L’harmonie à espérer, c’est la liberté et capacité à penser par soi-même, ne plus être enfermé dans un paradigme arbitraire. Rien que deux expérience suffisent souvent pour se rendre compte que les vérités absolues et non négociables des uns sont le contraire de celles des autres. Comme dit le chanteur, on peut tout vous prendre mais pas votre liberté de penser (faut quand même essayer de faire mieux que lui en matière de gestion fiscale !). C’est ce dynamisme qui est à préserver. Donner et prendre le meilleur, puis passer à autre chose.

C'est parti

BONUS !: des informations sur les clauses d’un contrat de régie

La règle d’or qu’il faudrait respecter, c’est de montrer le contrat à un avocat. Cela ne prendra pas beaucoup de temps ni d’argent, cela permet de faire connaissance avec un avocat, ce sera peut-être une expérience nouvelle et sûrement enrichissante, et cela vous permettra de voir si cet avocat a envie de devenir votre conseil et de vous accompagner, ou est plus enclin à piocher dans votre porte-monnaie. Si vous êtes payés 400 euros par jour et que vous laissez même 300 euros à un avocat pour un contrat plus ou moins type, ces 300 euros ne seront pas retirés de vos revenus mais de votre chiffre d’affaires. C’est juste comme une journée sans bénéfices, les 100 euros restant payant vos charges fixes: bouffe et loyer.

– description du projet

Il faut fixer le périmètre du projet sur lequel vous vous engagez afin de limiter votre responsabilité, de montrer que ne consentez pas à faire tout et n’importe quoi, et de vous faciliter de futures négociations en fonction des résultats que vous obtiendrez sur ce à quoi vous vous êtes engagés et non autre chose.

– lieu d’exécution des travaux

Cela vous permettra d’exiger des frais de déplacements supplémentaires le cas échéant.

– assurance professionnelle

Il vous faut acquérir une assurance professionnelle: il s’agit de couvrir les conséquences que pourrait avoir la chute d’un clavier sur le pied d’un collègue, mais pas de payer les éventuelles conséquences d’un bug de votre part.  Un bug peut avoir des répercussions très graves et vouloir couvrir de telles risques exigerait une assurance très élevée et inutile à condition que vous restiez en obligation de moyens. Dans le cas d’un forfait, il faut donc vous prémunir contre ce risque avec les clauses adéquates afin de ne pas avoir sur le dos la responsabilité de problèmes engendrés par le produit du client final.

Une telle assurance a un coût d’une centaine d’euros par an. Si vous vous déplacez beaucoup, cela peut avoir un impact sur le coût de cette assurance professionnelle.

– durée d’exécution

Y préciser les dates de démarrage et de fin ainsi que la durée approximative (n’oubliez-pas: si vous voulez prendre une journée, c’est vous et vous seul qui décidez). Précisez éventuellement les jours où vous ne travaillerez probablement pas, comme le mercredi après-midi par exemple (pour faire votre compta et autres activités), ou encore le vendredi complet si vous déplacez loin de votre famille et que cela vous permet d’être trois jours avec elle. Vous êtes libres de vos horaires toujours en raison de ce principe qui fait que vous n’avez plus de lien de subordination. Et vous pouvez très bien travailler plus d’heures sur 4 jours et faire facilement autant que les 35 heures de vos collègues chez le client final.

– prix

Sur des missions courtes, moins de 2 mois, vous êtes libre de laisser à un commercial un bon pourcentage, mais sur des missions longues, il me semble qu’il faudrait pouvoir tabler sur du 10-15% au vu du marché actuel et de l’équilibre des forces. Pour de telles missions courtes, 15-20% pour le commercial est probablement un bon calcul. Au-dessus de 20%, et surtout pour des missions qui se prolongent, il faut montrer les dents, et si jamais vous n’avez pas le choix, clairement dire que c’est totalement exagéré et qu’il ne faudra pas qu’il s’attende à ce que vous lui fassiez de cadeau le jour où vous trouveriez mieux. Idéalement, il faudrait que vous ayez un contrat avec le client final et rétrocédiez 5% de commission à la SSII en tant qu’apporteur d’affaires.

– transparence

Précisez le montant journalier chez le client final et que la SSII devra vous informer sous huit jours de tout changement de tarif auprès du client final et de le répercuter à la hausse au pro-rata fixé initialement (attention, seulement à la hausse et pas à la baisse car la SSII est capable de magouiller avec le client final en fin de mission pour placer un prestataire à votre place).

– frais de déplacement

Précisez que tout déplacement au-delà du lieu de travail précisé sera facturé en sus.

– conditions de règlement

En général, c’est du 30 jours fin de mois. Demander à être payé le 1er du mois suivant (30 jours de plus par rapport à un salarié)

– pénalités de retard de paiement

– garantie, limite de responsabilité

Aucune garantie. Vous n’avez que l’obligation de moyens. Attention, toute garantie supplémentaire pourrait vous lier pieds et poings liés, sans être payé, et ad vitam aeternam. Bien sûr, ce serait illégal, enfin j’espère, mais ce ne serait qu’une chose illégale de plus …

– validité de l’offre

1 mois

– secret professionnel

– propriété intellectuelle

Il faut préciser les technologies dont vous détenez la propriété intellectuelle afin de ne pas les cédez implicitement si jamais vous les utilisez chez un client.

Il faut aussi préciser que vous gardez la propriété intellectuelle de vos travaux tant que ceux-ci n’ont pas été entièrement payés.

– résiliation et prorogation

Exiger d’être prévenu 1 mois à l’avance dans le cas où votre contrat ne serait pas prolongé par un avenant au contrat.

En cas de soucis de santé, tout particulièrement si une forme de harcèlement moral tendrait à s’installer, se réserver la possibilité de quitter du jour au lendemain l’entreprise sur demande de votre médecin. Les méthodes de harcèlement moral aujourd’hui utilisées massivement ont de très graves conséquences d’autant plus qu’elles sont pernicieuses, et pour un libéral sans protection, cela peut s’avérer dramatique. Il faut préserver son dynamisme à tout prix. Aujourd’hui, en matière d’harcèlement, tout le monde doit savoir de quoi il retourne: sur simple demande, j’écrirai un article relatif à ce sujet.

– publicité

Demander à ce que vous puissiez publier les résultats que vous avez obtenus chez le client final afin que vous puissiez avoir des références.

Enfin, mieux vaut d’emblée venir avec propre contrat plutôt que d’accepter celui d’une SSII qui sera bien sûr bourré de clauses illégales. Vu que nos gouvernements successifs les laissent trainer dans la boue les ingénieurs qui sont censés être les fers de lance de l’économie numérique, ils ne se gênent plus. A l’occasion, je pourrais détailler les clauses hallucinantes que ces SSII essayent d’imposer …

Biométrie au collège: les conséquences à prévoir

Une proposition de loi sur la biométrie a été adoptée en 1ère lecture au Sénat.

En conditionnant l’usage de la biométrie à une nécessité de sécurité, son usage dans les établissements d’enseignement serait annulé et cette loi permettrait de mieux protéger nos enfants en évitant de probables graves conséquences.

Lors de l’inscription de mon fils aîné à un collège de Vendée pour cette rentrée, j’ai ainsi appris que l’accès à la cantine se ferait désormais au moyen d’un lecteur biométrique et qu’il faudrait payer une carte si toutefois nous ne souhaitions pas utiliser un tel lecteur biométrique. Ce que nous avons été parmi les rares parents à faire alors que le coût de ces cartes n’avait pas été précisé.

La rentrée a eu lieu et comme rien n’avait été anticipé, l’enregistrement des contours de la main a pris beaucoup de temps lors des repas. Alors que le collège a 600 élèves, il y aurait eu des temps d’attente de 40 minutes et des cours ont été décalés ou annulés car autrement les enfants n’auraient pas eu le temps de manger.
Cela s’est nettement amélioré mais ces lecteurs qui demandent l’entrée d’un code puis la pose de la main prennent beaucoup plus de temps que des badgeuses classiques avec ou sans contact. Techniquement, l’utilisation d’une donnée plus que redondante – constituée par un code de 3 chiffres à 1000 possibilités suffisant à lui seul pour le collège – prouve aussi le manque de maturité de cette technologie. Il y a aussi des questions d’hygiène et d’impact psychologique sur les enfants dénoncés par les psychologues. Tandis que nous, adultes, sommes beaucoup moins enclins à accepter ces procédés voire même les refuserions catégoriquement.

A court terme, le coût de ces lecteurs biométriques est beaucoup plus élevé selon une information émanant d’une vidéo qui était présente sur le site du Conseil Général de Vendée et qui promulguait l’usage de la biométrie. A moyen terme, l’intérêt de ces lecteurs serait d’éviter d’avoir à refabriquer des cartes tous les ans et de remplacer les cartes perdues. La carte de mon fils est pourtant une carte avec un code barre que n’importe quelle imprimante à 35 euros peut imprimer à un coût négligeable. Quand bien même elles seraient magnétiques voire à puce, les cartes pourraient parfaitement être réutilisées d’une année sur l’autre. Notamment, une carte peut ne pas être liée à une personne mais à un identifiant unique mis en correspondance avec une personne par le logiciel. Et s’il est nécessaire d’avoir une photo, celle-ci peut s’afficher sur le lecteur et non être imprimée sur la carte. Dans le pire des cas, il semble que resteraient donc tout au plus les cas des cartes perdues alors qu’elles sont facturées aux parents.

Quoi qu’il en soit, si effectivement on se soumet sans réfléchir à des calculs financiers et/ou des intérêts économiques, on entre aussi dans un engrenage. Il existe aussi des procédés pour effectuer des mesures biologiques à partir des mains qui pourraient permettre de renvoyer un enfant s’il a de la fièvre et ainsi de suite.
Les données biométriques ne se remplacent pas comme des cartes bleues, et dans un cadre judiciaire, le piratage de ces données donnera lieu tôt ou tard à l’inculpation par erreur d’une personne ou un piratage dans un lieu sensible. En conséquence, cela mènera à l’impossibilité d’avoir recours à l’exploitation de ce type de données. Il faudra alors trouver d’autres types de données plus sophistiquées. L’accès à une cantine ne pose aucun enjeu de sécurité, ce n’est pas le cas de l’utilisation de données biométriques et de leur potentielle dispersion qui pourront avoir des conséquences extrêmement graves dans un proche avenir.

Pour préciser à ce sujet, la protection et le piratage se mènent une guerre pour laquelle il ne suffit pas de gagner une bataille. J’ai ainsi participé à la protection contre la copie de logiciels utilisés par des centaines de milliers d’entreprises. Le piratage était important et nous avons implanté une nouvelle solution. Il restait simplement quelques points à protéger mais qui ont été considérés comme mineurs par notre hiérarchie. Deux à trois ans plus tard, les techniques de reverse-engineering très sophistiquées des pirates ont tiré parti de ces failles ainsi qu’une expertise dans un cadre judiciaire a pu le démontrer. Il y a toujours des failles techniques, humaines ou organisationnelles: les entreprises prétendent sécuriser les données tandis que ce n’est pas le cas, on ne peut parler que d’un niveau de sécurité plus ou moins élevé.

A long terme, les impacts psychologiques sur les enfants, les coûts sociaux et donc économiques de ces lecteurs biométriques pourraient donc être beaucoup plus importants que les avantages à moyen terme qu’ils n’ont pas. Dans les écoles, il ne faudrait pas demander un sou de plus aux parents qui choisissent une carte et exclure dès que possible ces procédés biométriques alors qu’effectivement il n’y a pas d’enjeu de sécurité.

Quant aux lobbys électroniques qui justifient l’emploi de la biométrie comme une source d’emploi, ne faudrait-il pas leur expliquer qu’ils ne créent rien du tout puisqu’ils ne font que remplacer des solutions existantes ? Leur seul but est de conditionner nos enfants pour changer les moeurs et imposer petit à petit de nouveaux produits sans penser aux conséquences qui, elles, pourront exposer la sécurité des personnes.

Ciel neigeux