La relocalisation pour s’affranchir de l’utopie de la mondialisation

La mondialisation est un résultat majeur de cette forme de colonialisme si perfide qu’est le monde de l’argent.

Un retour au colonialisme

Sous toutes ces formes, le colonialisme a ses fins qui finissent toujours par justifier les pires moyens. Au nom du bien commun peuvent ainsi se permettre des méthodes esclavagistes face aux libertés fondamentales et au respect de l’égalité des êtres humains. Puis l’exil des populations si ce n’est plus grave encore.

L’Afrique Noire, les Indiens d’Amérique du Nord et du Sud, tous ont payé le tribut de ces colons européens venant sur leur territoires et ne voyant en eux que des êtres primaires et inférieurs. Attitude qui est allée jusqu’à provoquer la création d’un marché de l’esclavage. Sans autre forme de vison anthropologique, les découvertes de ces cultures et de leurs modes de vie ont été reléguées par l’arrogance des colons. Et cela, au nom de la suprématie de leurs religion, science, richesse, éducation, et aussi d’une aristocratie qui ne peut souffrir la contradiction.

Aujourd’hui, il reste pourtant des peuples qui vivent encore dans l’autarcie et ces peuples n’ont jamais eu besoin de monnaie pour vivre ni n’en auraient jamais besoin s’il n’y avait une pression à les incorporer à notre propre mode de vie. Face à ces hommes qui vivent en harmonie avec la nature en s’y étant adaptés souvent de si belle manière, face à ceux dont la vie authentique pourrait perdurer des centaines d’années encore, deux choses totalement invraisemblables se produisent.

La première chose, c’est de penser que notre propre progrès soit l’universel et leur serait indispensable tandis même que c’est notre civilisation occidentale qui est en train de mettre gravement en danger la vie de l’homme sur Terre. La seconde chose, c’est qu’après avoir connu notre monde, les indigènes, comme on aime à les appeler, ne peuvent véritablement réintégrer leur monde d’origine. C’est le drame du fils d’un chef indien ayant étudié en Occident et qui ne se voit ni se couper de ses racines, ni pouvoir oublier l’excitation du monde occidental et en revenir à ce qui ne serait plus alors qu’un dénuement. Pourquoi cette irréversibilité ? Car si ce fils de chef Indien ne peut retrouver son territoire alors comment notre monde – toujours à puiser outre-mesure dans les ressources naturelles – pourrait retrouver sa place en s’intégrant aux cycles de la nature, et du même coup en devenir le premier et nécessaire défenseur ?

C’est cette question clef dont cet article entend amorcer le dénouement.

L’école, clef de voûte de l’épuration des peuples premiers

Toujours dans cette recherche sans fin du profit, l’école reste le cheval de Troie de cette insidieuse colonisation du monde de l’argent face à ces dernières peuplades, premières, et témoins d’une vie au plus près de la nature. Car c’est l’école qui éloigne les enfants des petits villages et qui prend la place précédemment dévolue aux anciennes générations, privant les premiers de la transmission d’un savoir ancestral, privant les seconds de la joie de vivre auprès des enfants. Et c’est ainsi que le cycle vertueux de la vie indigène est rompu, un cycle de vie éprouvé où la nature est respectée en s’assurant de ne pas y prélever plus que ce qui pourra s’y renouveler.

En promouvant le modèle occidental de l’Ecole, cette Europe au passé colonialiste participe ainsi à ce que s’éteignent les villages indigènes et leur culture millénaire, à augmenter le chômage dans les villes par ces nouveaux arrivants sur le marché du travail, à affamer les populations en réduisant l’agriculture de ces terres abandonnées, et à les soumettre économiquement aux règles du jeu et pouvoirs occidentaux.

La naïveté face à notre monde, inéluctablement impressionnant de part sa technologie, attire les indigènes dans un piège. Et une fois qu’ils en connaissent les rouages, ils ne peuvent plus non plus s’en échapper. Parce qu’il y a une maturation lente et complexe à comprendre à quel point notre monde soi-disant moderne est juste une aberration tel quel. Et nombreuses sont les épreuves pour en  prendre pleinement conscience et retrouver sa liberté. Pourtant, en s’affranchissant de la primauté de l’argent, il y a une opportunité incroyable de retrouver du sens et d’aller vers un monde nouveau.

L’extension des usages de l’argent selon une fondamentale erreur  de conception

Il serait en effet temps de se rendre compte que l’argent, soit dit la monnaie, est la pire invention que l’homme n’ait jamais créée, non pas tant par son principe en lui-même mais par la généralisation de son emploi à des usages qui entreprennent de détruire nos réels potentiels à créer de la valeur. Et voici comme cela s’explique.

Si le travail se fait en communauté par le partage, l’échange, la collaboration, et si chacun peut ou doit trouver sa place, l’enjeu est alors de réussir collectivement et de construire des relations, des organisations, des structures sociales où les plus expérimentés aident à la prise de décisions et le règlement des conflits, à la transmission des savoir-faire, et à encourager les plus jeunes, volontaires sur des tâches difficiles et si prompts aux exercices exigeant énergie et audace.

L’argent n’est ainsi nullement strictement nécessaire au sein d’une communauté autonome et il n’aurait jamais du le devenir que dans les cas particuliers d’échanges avec des communautés éloignées.

Or, en employant l’argent dans le cas général non seulement entre communautés mais plus encore entre chaque personne, on divise le travail et on divise les communautés. Au lieu de construire en commun, les objectifs deviennent par trop individualistes.

S’il y a bien une certitude inébranlable dans notre société, c’est bien que l’objectif de chacun doit être de se trouver une situation. C’est-à-dire, très concrètement, trouver un emploi, faire son travail du mieux que l’on peut, et pouvoir exercer ses actes libres en consommant.

Lors de l’achat d’un produit, chaque personne est ainsi en relation directe avec ceux qui lui vendent mais aussi, indirectement, avec ceux qui ont conçu et fabriqué ce produit. Avoir de l’argent, c’est donc le moyen de collaborer artificiellement et superficiellement avec des personnes que l’on ne connaîtra jamais. L’acte de consommer devient alors une sorte d’appropriation de la capacité à créer un produit. Et pourtant, il n’en n’est rien, le client n’a pas créé le produit, ce n’est pas lui qu’il l’a fait ! Et la satisfaction de l’acte d’achat n’égalera jamais le sentiment bien plus riche d’avoir partagé avec d’autres la création et la fabrication d’une oeuvre en commun. C’est là que se noue l’utopie.

Notre vie dans ce monde occidental et particulièrement dans la France du « c’est pas possible, on n’a pas le droit, c’est interdit, c’est compliqué, vous n’avez pas l’autorisation, cela ne marchera jamais, et sans oublier le fameux ah ah ah ah – consiste à passer l’essentiel de notre temps sans créer, ni apprendre véritablement à se lancer dans des aventures nouvelles. Et n’avoir comme seul remède à cet état de fait, le placebo de l’usage d’un compte en banque rempli en faisant juste ce que l’on nous demande ou ce que l’on attend de nous.

Vivre réellement, ce n’est tout simplement pas cela: ce n’est pas travailler sans savoir pourquoi, sans vision de l’avenir, en continuant à participer à consommer ou faire consommer de plus en plus et se dire le soir en rentrant chez soi qu’il faut arrêter ce gâchis pour préserver notre planète.

L’indigène qui quitterait ce monde pour retrouver celui de ces ancêtres a donc aussi l’opportunité de quitter un monde de l’argent dont le colonialisme a permis d’atteindre son degré ultime d’aberration dans l’auto-destruction et une philosophie réduite au dogmatisme.

Une mondialisation où l’on travaille sans le savoir avec des personnes à l’autre bout du monde sans jamais avoir discuté ni encore moins oeuvré en commun avec ses propres voisins de palier.

L’argent ne devrait être strictement nécessaire que pour commercer au-delà des frontières de sa communauté pour ce que l’on ne trouve pas sur place, et localement, il serait alors possible de renouer avec une culture du travail collectif et coopératif. Chaque communauté aurait alors vocation à préserver sa spécificité comme moyen d’échange.

L’argent comme base de tout mode d’échange a induit une mondialisation qui a aboli les différences en cultivant leur rejet et imposant partout les mêmes produits. Tandis que la relocalisation nous ferait retrouver et faire vivre pleinement notre identité, tout en nous faisant du même coup retrouver dans la différence des autres, ce partage universel de la condition humaine à donner un sens réel à la vie.

Très concrètement, cela voudrait dire que des monnaies locales apparaissent alors clairement comme des outils de transition pour faire avorter ce processus de mondialisation et redynamiser la vie sociale et économique au niveau local.

Même l’idée d’un revenu minimum s’éclairerait sous un nouveau jour puisqu’en retrouvant aussi du sens dans sa vie locale, chacun bénéficierait de repères pour mieux se construire, penser par lui-même, être libre, et avoir la volonté propre de marquer par sa différence au sein de sa communauté, tout en ayant les moyens matériels par le bénéfice d’un revenu minimum local. Une reconnaissance qui arme pour mieux aller vers les autres et découvrir les spécificités d’autres peuples, mais aussi servir comme moyen de se propulser vers d’autres objectifs au-delà de son tissus local.

D’un point purement logique et de conception, transformer un cas particulier d’échange extra-communautaire pour qu’il définisse la règle générale et y compris intra-communautaire, c’est donc bien là la première et plus grave erreur, une erreur qui condamne à la complication sans aucune autre porte de secours que celle de faire demi-tour, et de laisser ce cas particulier comme cas particulier, puis de retrouver le cas général pour redéfinir les usages.

Les réseaux sociaux ou l’émergence de nouvelles tribus

Les réseaux sur Internet sont une manifestation très claire des plus jeunes générations à s’inscrire dans une communauté où chacun d’entre eux trouve sa place. Ce sont par exemple des communautés Facebook aux centaines de millions d’inscrits. Mais des communautés qui n’ont forcément ni le recul ni la sagesse d’une tribu perdue au fin fond de l’Amazonie en qui concerne l’entente à plusieurs.

C’est qu’il est inscrit dans l’homme que son projet passe par les relations avec les autres. L’homme n’est pas fait pour être seul et l’individualisation est un handicap face à cette nécessité. Une réalité qui se traduit d’abord par une immense solitude de bien des personnes au sein des grandes villes.

La relocalisation

Sans aller jusqu’à renoncer à tout argent pour vivre dans une autarcie nullement strictement nécessaire, il serait temps d’organiser à quitter les grandes villes, limiter la mondialisation à ce que le local ne peut offrir, généraliser les monnaies locales, et surtout remplacer les relations virtuelles liées à l’argent de la mondialisation par de vraies relations pour créer des projets avec ceux qui nous entourent, c’est cela la réponse toute simple et nécessairement simple aux enjeux de notre société. La relocalisation est l’occasion de renouer avec cette aventure collective.

Il suffit de regarder ces si nombreux clips de chanson tournés dans les lieux les plus pauvres pour comprendre que lorsqu’il ne reste plus rien, c’est alors que l’on touche à l’essentiel, pour révéler toute l’intensité de notre condition humaine. Le matériel se révèle alors comme une illusion face au vide qu’il a créé dans notre existence, tandis que le déni de ce vide laisse place à la beauté de ce sens si fragile de la vraie vie, celle qui s’échange dans les regards, dans l’action qui nous fait palpiter et nous rend vivant, ce sentiment d’adhérer à une aventure commune au-delà des désaccords, celle aussi de nous aimer comme fin mais aussi unique moyen d’une relation non jetable, de se le dire tant qu’il est encore temps, de ne pas continuer à faire prospérer cette vision de l’homme à l’image d’un produit obsolète au premier défaut rencontré, mais au contraire d’avoir l’expérience que rien ne se fait sans difficultés ou erreurs pour mieux encore aller de l’avant.

Voyage dans les alternatives paysannes

De plus en plus de citadins réalisent leurs potagers sur un coin de balcon. D’autres rêvent ou réussissent à partager quelques rares zones de friches urbaines pour développer des potagers collectifs. Et des projets « futuristes » aspirent à faire venir la campagne et les forêts à la ville.

Plus simplement, plus économiquement – et à tous les sens du terme -, peut-être serait-il possible d’envisager un vrai retour à la campagne ? Et pendant qu’on y est, un 21ème siècle de l’exode urbain comme alternative à notre société actuelle ?


Rêver à des alternatives paysannes, les partager, et les proposer au sein d’une communauté de pays du monde entier, c’est le projet d’une association franco-belge, Tamadi.

C’est ainsi qu’a été organisé un voyage en Belgique afin d’y découvrir des projets de vie liés au sein d’une coopérative Paysans-Artisans.

Celle-ci propose en circuit-court la production locale dans un périmètre de 25 kilomètres de rayon. Les particuliers prennent leurs commandes par Internet grâce à un site développé à cet usage, puis ils viennent les récupérer au local de l’association. Ce lieu est situé en plein coeur d’une forteresse conçue par Vauban à Namur. C’est un bâtiment en pierres qui préserve naturellement les denrées lors de chaleurs excessives.

La production y est très diverse en produits de première nécessité tels que les légumes,  le pain, le lait, les pâtes, et le fromage de chèvre. Et parmi beaucoup d’autres choses, il y a aussi des jus de pomme, de la truite fumée, des confitures de baies sauvages, et bien sûr, des chocolats.

Les parcours sont nombreux et parmi eux, il y a celui de Mano

Mano est boulangère. Son local fait partie d’un habitat groupé constitué de maisons formant un rectangle et constituant ainsi une cour avec en son centre un point d’eau et un saule pleureur, apportant verdure et ombre. C’est bien sûr un lieu de jeux pour les enfants.

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Sur place, il y a 19 foyers pour un total de 45 personnes dont 20 enfants, soit 6 familles.

Et ils ont donc leur boulangerie sur place au sein de cet habitat groupé. Cette vente de pain fait aussi partie de la production de Paysans-Artisans.

Il y a utilisation de farines locales dans un périmètre de moins de 40 kilomètres. Avec notamment le froment, l’épeautre, le seigle et le petit épeautre.

Un petit moulin à eau est utilisé pour moudre. Traditionnellement, ce sont d’ailleurs plus souvent des moulins à eau qu’à air.

De même que jusqu’au XVIIIème siècle, il y a utilisation de levain naturel, un processus lent et qui s’est fait remplacé par la levure lorsque celle-ci fût inventée.

Mano témoigne que beaucoup veulent s’orienter vers la vente locale, que l’outil Internet de Paysans-Artisans marche super bien et que la coopérative a une philosophie qui convient.

Mano est en vitesse de croisière depuis longtemps: elle vend 50% de sa production de pain à Bruxelles à 60 km de là, via un ami. Sur commande, 20% va à la coopérative. Et les 30% restants vont à une biocoop et une AMAP.

Le prix final de son pain n’est pas fixé auprès des revendeurs, et cela reste un point délicat tandis que des dérives sont susceptibles de se produire et alors même qu’elle vend son pain bio à un prix plus bas que haut.

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Mano est d’une solide nature et sa force physique mais aussi morale s’exprimait tandis qu’elle nous racontait l’histoire de son projet de vie, tout en travaillant pour faire des pains, prenant la pâte, la mettant en forme pour la placer dans son moule de destination. Puis les moules étaient disposés dans son four d’un diamètre de 1m25. Un four qui bénéficie d’un axe central pour le faire tourner et accepte 40 kg de pain.

Un travail intensif qu’elle effectue deux fois par semaine le mercredi et jeudi à partir de 3 heures du matin et pour des journées de 18 heures.
Elle ne consacre donc que «seulement» deux mais très intenses journées à travailler à son métier proprement dit. Auparavant, elle répartissait ce même travail sur 3 jours. Compte tenu que certaines tâches prennent du temps sans nécessiter de la main d’oeuvre en continu, elle a choisi de concentrer son travail sur 2 jours afin de pouvoir effectuer certaines tâches en parallèle et ainsi optimiser son processus de fonctionnement.

Travailler sur plusieurs choses en même temps et avoir l’organisation adéquate sont aussi le moyen de faire son pain au levain naturel au processus lent.

Il est fort à parier que c’est d’abord son enthousiasme qui lui permet de réaliser chaque semaine cet exploit et d’assurer un tel rythme.  Un peu comme un adulte qui aurait gardé un coeur d’enfant et qui se consacre à sa passion bien au-delà des huit heures par jour.
Elle réserve aussi du temps une fois par mois à faire sa comptabilité et une demi-journée par trimestre à fournir ses chiffres de TVA. Ces deux ou trois jours, et pas moins de 36 heures de travail effectif lui permettent de se consacrer à d’autres activités dont notamment la musique.

Mano est donc clairement très organisée. Beaucoup de simplicité s’exprime d’elle à vivre ainsi pleinement. Sur le coin d’une fenêtre, une petite bougie sert à signaliser lorsqu’elle est à l’oeuvre et de poursuivre cette tradition du boulanger. C’est pour Mano un sentiment d’harmonie y compris par les liens qui pour elle l’unissent avec les autres artisans boulangers, dans son pays comme ailleurs.

C’est aussi le symbole de s’engager dans une oeuvre qui dépasse le seul périmètre de son existence.  A la manière des avant-gardistes qui croient en quelque chose qui les dépassent et de cette volonté de construire de vraies alternatives.

Un apprenti travaille avec Mano, et ce n’est pas le premier qu’elle forme. Mano en a formé trois par l’apprentissage et participe aussi donc concrètement au développement de ce réseau par la transmission de ce savoir-faire artisan, local, vertueux écologiquement, et correspondant à une demande. Et son atelier est partagé avec un de ses anciens apprentis.

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Mano ne gagne pas plus qu’avant ni ne travaille moins, mais elle travaille en accord avec sa philosophie. Et son pain a une présentation vivante !

La découverte du métier d’un pisciculteur

Bénéficiant d’une eau en moyenne à 13° et ayant sa source à quelques kilomètres de là, François est pisciculteur depuis 30 ans après avoir commencé ce métier dès 18 ans.

Il exerce une double activité, celle de l’élevage de truites et celle de la transformation de la truite au moyen d’un fumoir. Les alevins lui sont fournis par un éleveur spécialisé, et c’est alors son rôle de les faire grandir.

Il possède différents bassins avec entre 4000 et 4800 poissons. Une eau vive permet aux truites d’y respirer et surtout de conserver une température constante tandis que la truite supporte très mal les changements de température un tant soit peu trop rapides: 1° par heure au maximum, autrement, c’est le choc thermique et les problèmes apparaissent.

De même, l’eau de la source s’élève jusqu’à 15° en été et c’est une limite là-aussi pour la santé des truites. Leur espèce arc en ciel est arrondie et aux tâches noires, et se trouve naturellement en Amérique du Nord où elle se compare au saumon. Sa production pourrait avoir la qualification bio si le critère européen de densité n’était pas uniquement rapporté au volume d’eau mais aussi au débit, en l’occurence 2800 litres par minute, soit plus d’un demi-litre par minute et par poisson.

La moitié de sa production est vendue en poisson frais, et l’autre moitié est transformée en produits sous vide.

Pour la vente, ses truites font 380-400 grammes après avoir pris 3 grammes par jour. Sa production est de 800 à 1000 truites sur 10 jours, et monte à 3000 truites par semaine en juillet-août pour les restaurateurs.

Il se faut veiller autant à la température de l’eau qu’à scruter la météo tandis qu’un beau week-end annonce de bonnes ventes, et donc la rentrée des poissons plutôt que leur sortie pour le fumage.

Lors des visites, François détaille comment évaluer la qualité d’une truite sous vide et explicite aussi comment les préparer et retirer les arêtes. C’est toute l’immense valeur à rencontrer ses hommes et femmes de métier, et de réapprendre le quotidien de notre alimentation. Ses produits frais comme fumé furent un grand plaisir à être consommés, en barbecue collectif sur place ou en famille après le retour en France, ajoutés au plaisir de les obtenir auprès de François.

Le potager partagé de Namur

L’expérience d’un potager collectif est aussi présentée dans un autre article de ce blog.

Et beaucoup d’autres choses

Bien d’autres producteurs ont été rencontrés, avec à chaque fois la découverte d’un métier.

C’est aussi une source d’opportunités comme celle présentée par un éleveuse de chèvres expliquant que l’offre en fromage de chèvre est bien en-dessous de la demande belge qui doit importer et donc offre une opportunité pour des éleveurs afin de s’installer.

Pour les installations, une autre association, Terre en vue, joue un rôle clef en matière d’acquisition foncière. C’est l’équivalent en France de Terre de Liens qui a pour objectif de favoriser ce retour à la terre, de préserver des terrains agricoles y compris en zone péri-urbaine et urbaine, de pérenniser à long terme ces terres agricoles par le principe du fermage, et donc de proposer ces terres pour ceux qui souhaitent lancer un projet agricole. C’est aussi l’opportunité d’apporter une charte pour favoriser une agriculture vertueuse, des expériences, une expertise sur les enjeux de la législation, un accompagnement face au risque n°1 d’isolement du créateur d’entreprise, et des idées comme des opportunités.

IMG_2026.JPG Ou encore des produits innovants comme ces tagliatelles d’épeautre qui ne demandent que deux minutes de cuisson, soit un vrai bonheur pour les randonneurs.

Ce voyage fut d’abord l’occasion de nombreux échanges, soirées avec les membres de l’association. Et aussi les bénévoles qui accueillent chez eux les voyageurs et offre ainsi à partager un peu de leur vie quotidienne. Cela reste des moments inoubliables de voyager au coeur d’un pays étranger et de vivre des moments avec ses habitants.

Les voyageurs venant d’un peu partout, cela a été ainsi l’occasion de rencontrer des éleveurs turcs, comme Ilan, éleveur bovin dans le Caucase. Et sans oublier un producteur d’oranges bio pour représenter l’Italie et la fabuleuse aventure Le Galline Fellici qui a redonné espoir et un travail à de nombreux producteurs en Sicile pour produire des oranges et en vivre. Autant de personnalités différentes et de moments aussi avec les voyageurs venus de France, maraîcher ou viticulteur, et de bénéficier de leurs visions du métier de paysan.

A cela s’ajoute beaucoup d’amusement, de découvertes, de moments originaux, comme la visite d’un moulin à eau en cours de réhabilitation, une visite historique de la ville de Namur, une fête folklorique belge, la visite d’une brasserie, ou une expérience inoubliable de Photographie en groupe.

Et l’essentiel reste l’esprit de partager qui dépasse le côté simplement touristique auquel on peut s’être habitué précédemment, et cela permet de vivre pleinement et avec intensité le voyage. C’est là le propre de Tamadi.

Les échanges avec les agriculteurs m’ont particulièrement surpris tandis que je ne m’attendais pas à partager des discussions pour toucher des visions plus proches d’un Bergson qu’aucun philosophe médiatisé.

Les paysans sont devenus des philosophes avant-gardistes du XXIème siècle, d’un retour à la terre, aux choses simples, aux hommes qui discutent, partagent des problèmes et des solutions. Il est fort à parier que sont les premiers de notre société à penser par eux-mêmes.

Et les discussions ne se sont pas privées bien sûr des fameuses bières belges 😉

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Associations et mutualisation pour relancer les activités rurales

De nombreuses questions se posent dans le cadre du fonctionnement des associations au sein du monde rural. Et cela vient s’ajouter aux difficultés issues du monde paysan.

Et il s’agit là de voir comment mettre en relation associations et circuits-courts afin de dénouer la situation actuelle tout particulièrement pour des agriculteurs.

Malgré l’intransigeance du principe de base du politique qui est de diviser pour mieux régner sur l’exemple de son historique application pour séparer contre nature certaines régions françaises, aujourd’hui, seule une mise en commun des enjeux dans une dynamique de solutions peut nous permettre de sortir des problèmes.

Le préalable à tout changement

De la mutualisation des ressources matérielles pour créer de plus en plus grandes exploitations, entreprises ou usines, et augmenter les rendements de produits de plus en plus dénaturés ou de l’ordre du gadget, il est encore possible de passer à la mutualisation de vrais enjeux sur le terrain, auprès de cette constante de l’histoire qu’est la vie en campagne. Car si profond changement de génération il y a, pourquoi cette incohérence à rechercher à le baser sur un quotidien artificiel qui n’existe que depuis quelques décennies plutôt qu’au coeur d’une vie rurale historiquement présente et à la portée de beaucoup d’entre nous ? Et si le changement allait effectivement venir des campagnes ?

Et il s’agirait alors de prétexter d’une «mutualisation» qui ferait le lien entre agriculture et associations, entre savoir-faire artisanal et technologie, et entre public et privé. Un privé qui déborde aujourd’hui bien au-delà du cadre familial. Une vie privée organisée, conditionnée et imposée dans un cadre public par l’obstination du politique à se soumettre à des intérêts particuliers et eux réellement privés.

Et la question derrière n’est pas économique, sociale ou écologique, il s’agit là d’un questionnement réellement philosophique tandis que le sujet de la condition humaine est juste un pur tabou. Car la dématérialisation de notre société nécessite un renouvellement du sens de son engagement à servir autre chose que la satisfaction de nos seuls besoins matériels.

Aujourd’hui, en dépassant la culpabilisation à travailler sans se poser de questions et en ne se soumettant plus aux règles d’un monde dont la folie n’échappe plus désormais à personne, ne s’agit-il pas simplement de se poser la question de vivre vraiment et de quitter cette ère de la déraison pour entrer dans un XXIème siècle de la sagesse ? Mais encore faut-il retrouver la capacité à penser par soi-même. Et la question ne date pas d’hier, et rien n’est moins simple.

Au-delà de susciter le changement en soi, cet article est une solution assez détaillée où l’objectif est au moins de fournir une suite de solutions et aussi de montrer encore et encore ce qu’est un cercle vertueux, une réelle manière de penser le changement sur le long terme.

Un projet concret et simple: assurer des circuits-courts grâce à l’essor d’associations sportives dans nos villes de campagne (*)

Les associations fonctionnent à l’aide de bénévoles. Pour répondre au besoin de leur essor, il peut être nécessaire de faire appel à des professionnels. C’est une question essentielle notamment dans ces activités sportives où se posent les contraintes du recrutement des entraîneurs.

Un entraîneur sportif professionnel

Prenons l’exemple d’un club d’athlétisme avec une section éducative regroupant une douzaine d’enfants. Très concrètement, un bénévole assure un entraînement pour ces enfants et permet de réduire une cotisation à 70€ annuel. Ce qui reste accessible en comparaison de licences à 150€ que l’on retrouve dans d’autres sports.

Avec 25 enfants, il serait possible d’avoir un entraîneur professionnel mais cela impliquerait une licence d’au moins 120 euros. Et pour avoir 25 enfants, il faudrait déjà avoir l’entraîneur tandis que les bénévoles ou parents ne se trouvent pas forcément facilement et que sans formation préalable, l’encadrement d’un tel groupe n’est pas à la portée de tout le monde.

C’est donc une situation de blocage.

Un financement pourrait dénouer la situation sur quelques années le temps de développer ce club, et ainsi permettre de dépasser un seuil d’effectif. Avec les réductions de budget, de telles subventions ne sont toutefois pas faciles à obtenir, et cela se comprend. D’autre part, la taille de la ville ne permet pas forcément d’atteindre des seuils d’effectifs suffisants.

Il n’y aurait donc pas vraiment de solution ?

Et il y a d’autres problèmes. Certains diraient: malheureusement, tandis qu’en réalité, ils vont être considérés ici comme des chances, comme autant d’indices pour trouver une solution globale qui les réconcilie.

La question du transport des enfants

Le transport est une autre contrainte qui impacte les effectifs. C’est tout simplement la nécessité d’accompagner les enfants sur le lieu de leur pratique sportive. En effet, chaque adulte amène un ou plusieurs enfants pour le début de la séance, repart à ses activités, puis, pour la fin de la séance, revient sur le lieu d’entraînement, et raccompagne le ou les enfants à leurs domiciles.

Il faut vouloir et pouvoir faire ces deux allers-retours. La distance joue défavorablement et de plus, le jour de l’entraînement peut être rédhibitoire selon l’emploi du temps des parents et donc empêcher son inscription d’entrée de jeu.

Et lorsqu’il s’agit de couples aux horaires décalés où l’une est infirmière et l’autre transporteur avec deux enfants ayant chacun leur activité, alors là, cela devient vraiment difficile. Mais des parents le font et peuvent être admirés pour cela.

Et sous toutes ses formes, cette participation des parents aux activités associatives de leurs enfants est une reconnaissance et un respect certainement nécessaire aussi pour l’implication des bénévoles.

Pour autant, que cette participation soit implicitement réservée au transport n’est pas forcément la meilleure ou en tout cas la seule possibilité. Qu’une douzaine de voitures viennent sur les lieux d’entraînements n’est ni passionnant pour les parents ni pour les enfants. Et ce n’est pas simple à gérer en terme de parkings, cela cause des dangers importants pour des enfants, cela pollue, et c’est aussi une grosse perte de temps. Enfin, bien des associations usent de ce principe depuis de nombreuses années voire des décennies comme étant le minimum à exiger des parents, sans pour autant que cela ait jamais permis d’obtenir leur réelle implication.

Faire cela toutes les semaines pour ses différents enfants ne donne pas envie de le recommencer à de nouvelles reprises pour des compétitions le week-end. Ce sont pourtant dans ces compétitions que les enfants aiment à susciter plus encore l’attention de leurs parents.

A l’occasion de la trentaine d’entraînements ayant lieu par an, ne serait-il pas plus intéressant que chaque parent puisse participer par exemple à 3 entraînements par an pour aider mais aussi découvrir comment cela se passe ? Ou donner un coup de main à l’organisation des compétitions ?

On pourrait ainsi demander explicitement une participation sur un rôle moteur plutôt qu’implicitement sur les transports et un rôle rébarbatif après une journée de travail. Mais encore faudrait-il trouver une réponse à ce problème du transport ?

Une solution pour les transports

L’idée serait celle de la création d’une association de développement local qui se chargerait notamment du transport des enfants mais aussi des adultes. Cette association pourrait être liée à d’autres activités comme par exemple un comité des fêtes.

Cette association permettrait de raccompagner les enfants, et sans que ce soit bien sûr une obligation.

Typiquement, un minibus viendrait ainsi chercher et raccompagner les enfants les uns après les autres en optimisant son parcours et mutualisant ainsi le coût du transport. Un seul aller-retour serait donc nécessaire contre deux allers-retours lorsque ce sont les parents qui s’en chargent.

Le coût

Considérons alors qu’une vingtaine de kilomètres soit nécessaire pour raccompagner la douzaine d’enfants évoquée pour cette section d’athlétisme, soit 10 km à l’aller, et donc 10 km au retour.

Certains rentreraient déjà à pied et un véhicule avec 8 places passagers suffirait pour transporter tous les autres. Pour un tel véhicule (par exemple, un Nissan Primastar), le prix de revient est entre 5€ et 8,2€ (0,25€ par km pour 20 000 km/an sur 10 ans ou 0,41€ par km pour 10 000 km/an sur 10 ans).

Dans le cas où une personne salariée au SMIC effectuerait le transport, il y aurait un coût supplémentaire de 4€ pour 24 minutes

Soit un coût total entre 9 et 12,2 euros. A multiplier par 32 semaines et à diviser par 8 personnes pour obtenir un coût annuel par personne entre 36€ et 48,8€.

Compte tenu que le minibus fait 1 AR tandis que les parents ont font 2,  et que le trajet du minibus permet de partager les déplacements, le coût équivalent pour un parent avec son propre véhicule serait en moyenne supérieur à 2 * 20 km / 8 x 0,35€ * 32 = 56€ sans compter le temps perdu sur les trajets dont le coût au SMIC s’évalue à 2 * 4 / 8 * 32 = 32€.

La mutualisation est donc très intéressante, même si elle est à étudier en fonctions des adresses précises. Et il faut pouvoir bénéficier d’un véhicule qui fassent ces 10 000 km ou 20 000 km par an.

Enfin, intégrer dans ce transport un enfant ou une personne très excentrée de 10 km par rapport au lieu d’entraînement provoquerait le doublement du coût pour tout le monde. Ce qui peut poser un sérieux problème pour faire accepter ce concept dans ce cas particulier. Faut-il éliminer ces cas particuliers ?

Toujours est-il que désormais il y a déjà une solution où l’association s’occupant du transport des enfants demanderait une cotisation entre 36€ et 48,8€ à l’année tout en faisant économiser environ 56€ aux parents et leur évitant de consacrer inutilement du temps pour 2 allers-retours en voiture pour chaque entraînement.

Des enfants raisonnablement excentrés pourraient plus facilement participer, la question de l’heure et du jour de l’entraînement ne serait plus une contrainte rédhibitoire pour le choix de s’inscrire à un sport, la possibilité récurrente de s’entraîner sur un lieu excentré serait facilitée et de même pour le transport jusqu’aux lieux de compétitions.

Enfin, une convivialité nouvelle se créerait dans ces bus aussi bien pour les enfants que pour des adultes qui eux aussi pourraient abandonner leur véhicule particulier. Et nul doute que les parents pourraient être sollicités sur d’autres actions que le transport.

Mutualiser les transports associatifs et ceux propres aux circuits-courts

L’idée pour permettre à des personnes excentrées de venir sur les lieux d’entraînements et d’apporter du financement pour payer des entraineurs professionnels serait de mutualiser le transport avec celui nécessaire à la mise en place de circuits-courts.

Ainsi, lorsque l’enfant ou l’adulte serait raccompagné par le minibus, le principe serait de rapporter en même temps des commissions commandées auprès de producteurs locaux.

Dans les jours précédents l’activité, des commandes seraient effectuées au moyen d’un site Internet ou d’une application pour portable. Ensuite, au cours des heures précédant les entraînements, les commissions de l’ensemble des parents ou adultes utilisant le minibus seraient constituées auprès des producteurs, puis préparées.

Lors du retour au domicile pour raccompagner les personnes, il n’y aurait plus alors qu’à retirer le sac contenant ces commissions pour chaque famille.

Afin de rendre ce principe fonctionnel, une marge sur ces produits locaux, de l’ordre de 20%, serait perçue et utilisée afin de:

  • rembourser tout ou partie du coût du transport
  • permettre la gestion de ces circuits-court et notamment de la plateforme informatique
  • participer au paiement d’un entraîneur dès lors que ce projet serait utilisé plus largement.
  • participer au développement économique local et y compris en permettant de lancer d’autres projets

Intégrer un enfant très excentré à 10 km de distance du centre sportif impliquerait de couvrir un coût du transport entre 9€ et 12,2€ par entraînement. Pour être financée, il suffirait que cette somme ne dépasse pas 20% du total des achats locaux de la famille correspondante. C’est-à-dire qu’ils effectuent entre 45€ et 61€ par semaine d’achats de produits locaux. Ou encore, entre 170€ et 244€ d’achats par mois, et en ne comptant que les 32 semaines d’activité.

Dans le cas d’enfants dont aucun ne serait très excentré, ce serait donc une somme d’achats 8 fois moindre par semaine soit entre 5,6€ et 7,6€ d’achats qui serait suffisante pour pallier rien qu’au coût du transport et donc ne rien ajouter du tout au coût de la licence sportive.

En effectuant des achats entre 170€ et 244€ par mois, pour chaque famille d’enfants, cela représenterait un apport annuel pour l’association entre 2176€ (170 * 20% * 8 mois * 8 enfants) et 3123€ (244  * 20% * 8 mois * 8 enfants). Sachant que le coût annuel du transport est entre 288€ et 390€, il resterait largement de quoi payer un entraîneur dont le coût annuel est de 1500€.

En refaisant les calculs avec 25 enfants, on arrive alors à un bénéfice de plus de 5000€, et là encore, effectivement, nul doute qu’il puisse être fait appel à un entraîneur professionnel.

Sur 5 associations tirant parti de cette solution de mutualisation, le bénéfice pourrait aussi participer largement au paiement de la plateforme logicielle sur le principe de l’open-source et donc d’un partage entre différentes associations au sein d’autres Communes.

Et d’autres projets comme celui parmi tant d’autres pourraient voir le jour.

La validation de l’hypothèse sur le kilométrage

Chaque jour, ce principe serait utilisé pour l’association correspondante ayant son activité le jour même. Sur cinq associations pratiquant à des horaires décalés et en imaginant que ce minibus tourne ainsi à 20km par jour pour accompagner, et à 20 km par jour en moyenne pour aller chercher des produits, il y aurait un kilométrage de 40 * 5 * 32 = 6400 km.

Le même véhicule pourrait aussi servir pour mutualiser d’autres déplacements sur les compétitions, les entrainements excentrés, les manifestations, ou même des vacances organisées et l’hypothèse basse de 10 000 km serait ainsi cohérente.

L’algorithmique de la tournée des producteurs

A terme, une partie des producteurs seraient visitée chaque jour afin d’obtenir des produits pour répondre aux demandes. Une partie de ces produits serait livrée et une autre serait stockée.

La tournée des producteurs pourrait s’effectuer pendant les entraînements, voir à d’autres moments selon la demande plus ou moins importante.

Il y a d’abord l’enjeu NP-complet de l’optimisation des trajets pour le transport plus connu sous le terme du « problème du voyageur du commerce » et notamment de son algorithme du recuit-simulé issu de la résolution de problèmes en thermodynamique. Mais il y aurait aussi le calcul journalier d’une solution optimale satisfaisant aux contraintes logistiques. Typiquement, l’utilisation d’un logiciel générique de résolution de contraintes pourrait convenir. Il serait aussi possible d’adopter une programmation plus spécifique en se basant sur l’usage d’un langage de programmation logique comme Prolog pour fournir des solutions optimisées à ces problèmes d’intelligence artificielle.

Pour autant, ces solutions sont non nécessairement optimales. D’un côté, le passage typiquement d’un rendement de 95% à 100% (correspondant à des solutions optimales en temps ou/et en ressources) peut démultiplier les temps de calcul par plusieurs millions de fois, de l’autre, une solution humaine et simplifiée serait par exemple de l’ordre de 30% de rendement. Il s’agit donc de trouver le compromis adapté, entre simplicité de l’algorithme, temps de calcul, et optimisation des ressources et du temps.

Le logiciel gérerait ainsi le travail à réaliser chaque jour, le planning, et les trajets à partir des données dont il serait alimenté.

Un tel travail peut donc aussi se résoudre sans logiciel et se satisfaire d’une solution plus ou moins triviale, satisfaisante sur des cas simples et bien sûr des expérimentations, mais forcément pas du tout optimisée, et dont le coût augmente tout ou partie exponentiellement, et au moins polynomialement dès lors que la demande augmente.

En avance sur ces questions de circuits-courts, l’association Paysans-Artisans, située en Belgique, procède elle-même au moyen d’une solution intermédiaire.

Conclusion

Ce projet est parfaitement faisable, mais c’est dans la manière de penser que cette approche peut avoir du mal à être comprise. Il ne s’agit pas d’analyser statiquement la solution en imaginant ses impacts sur la situation actuelle et d’y trouver des points rédhibitoires, mais bien de voir que c’est une dynamique où les contraintes se lèvent dans le temps les unes après les autres. Il ne s’agit pas d’y reconnaître qu’une solution mais surtout un enchaînement de solutions où chaque étape fournit les clefs de l’étape suivante. C’est le cercle vertueux.

Et quelle est la première étape ? Expérimenter et cela sans forcément investir. Une voiture avec un adulte et 3 ou 4 enfants peut parfaitement permettre d’en étudier le principe. Et le simple fait de lancer cette expérimentation serait donc l’opportunité de permettre d’obtenir des financements participatifs ou issus de fonds d’investissements, de solliciter une subvention régionale et la participation de sponsors.

… et à l’avenir

Bien des avantages supplémentaires entreraient en compte par la suite ainsi que la possibilité de s’ouvrir à de nouvelles perspectives:

  • Revenir d’un entraînement le soir avec son plat déjà préparé serait aussi possible pour tirer parti de la présence de restaurateurs locaux.
  • D’une semaine sur l’autre, les boîtes d’emballages pour des produits utilisés de manière récurrente pourraient être réutilisées, et y compris pour le lait qui retrouverait ses bocaux d’antan.
  • En rendant inutile de tels emballages, cela participerait à diminuer encore les dépenses communales.
  • Bien des producteurs retrouveraient de meilleures conditions de travail en leur offrant un nouveau circuit de distribution avec de bien meilleures marges, d’autant que l’association serait à but non lucratif et qu’ils en feraient certainement partie.
  • En augmentant leur production, le prix de revient des produits locaux diminuerait, et la vente dans les chaînes de distribution locale ou les épiceries serait facilitée à terme. La vente directe via ce moyen de distribution avec un minibus ne serait donc pas concurrentielle à moyen terme, mais surtout pourrait être accompagnée par ces enseignes locales ou nationales dès le lancement d’un tel projet. Ainsi, il est de raison d’imaginer que d’autres produits complémentaires puissent être livrés par le même procédé. Des produits issus de ces mêmes enseignes qui pourraient aussi permettre de bénéficier de la location des véhicules dont certaines offrent le service.

Il serait important que tous les acteurs locaux ou au-delà soient associés à une telle démarche. A court terme, il est naturel de penser aussi à La Poste qui a des enjeux à relever face à l’évolution de son marché et de sa position privilégiée pour tirer parti de l’usage des circuits-courts. Ainsi, la livraison de paquets ou de courriers pourrait elle aussi se mutualiser sur ce même principe.

De tels acteurs pourraient ainsi voir leur intérêt d’investir dans ce projet tandis que s’adapter ou disparaître se résume parfois à la différence entre s’engager et calculer.

La technologie ne serait pas non plus en reste tandis que des minibus autonomes ont vu le jour en France et qu’un animateur dans le minibus plus qu’un conducteur serait un atout supplémentaire.

Localement, bien des choses sont à faire pour améliorer le quotidien, et ce serait donc aussi un départ pour une plateforme logicielle d’économie locale, et un moyen d’investir ce champ d’application pour le bénéfice de tous.

Pour autant, parmi tous ses acteurs, il y aurait donc les producteurs, mais aussi un lien beaucoup plus fort avec les consommateurs que cette association pourrait animer pour permettre à tous de progresser, de partager les expériences et d’aller de l’avant, à l’image de ce qui est promulgué par l’association Tamadi en Europe et sur d’autres continents.

(*) une version moins élaborée de ce projet a déjà été présentée lors d’un autre article

Potagers collectifs en ville: un circuit ultra court à Namur

A travers le monde, les pouvoirs publics sont amenés à proposer aux citoyens de la terre à partager pour y développer leur potager.

Potager partagé

A La Plante de la province de Namur, l’association belge rencontrée regroupe 35 membres avec un noyau dur d’une dizaine de personnes s’impliquant régulièrement pour faire progresser le projet et faire essaimer aussi bien ce principe que la culture du potager chez soi.

De nombreux citadins finissent par acquérir des maisons à la campagne comme pour Bruxelles où les personnes y travaillant rêvent de pouvoir avoir leur maison à la campagne. Une fois à la campagne, nombreux nourrissent l’espoir d’y réaliser leur projet de potager, mais au bout de quelques années, les difficultés ou échecs rencontrés viennent souvent à bout de leur courage.

Une volonté de partager

L’objectif de l’association, c’est donc cette volonté d’apprendre, de partager la connaissance et le savoir-faire, et donc aussi que les personnes n’abandonnent pas leur potager à la campagne une fois qu’ils ont déménagé à la campagne depuis la ville. C’est la lutte contre le « je n’ai pas la main verte ». C’est donc aussi le moyen d’apprendre de ceux venus découvrir sur place.

Vignes à partager

Au-delà de ces objectifs, il y a la recherche du jardin parfait et naturel, et aussi un inspirateur, Pierre Rhabi. Du point de vue des techniques agricoles, c’est de l’agroécologie et de la permaculture. Et parvenir à travailler et expérimenter en groupe le jardinage n’est pas si simple.

Par ailleurs, les potagers, ce sont souvent des « potes âgés », et un enjeu crucial est donc d’y faire venir les jeunes. Aujourd’hui, à ce potager collectif, contribuent autant de jeunes que de de vieux (qui sait dire aujourd’hui lorsque l’on est vieux ?). Clairement, les jeunes issus de milieux plutôt défavorisés sont peu enclins à quitter le monde de la malbouffe sans efforts ou questions à se poser. C’est révélateur d’un problème crucial de notre société, comme si, l’insuffisance de moyens financiers condamnait à mal manger, et même à méconnaître les alternatives à l’agriculture industrielle.

Il y a donc un enjeu de justice sociale pour que cet élan vers une agriculture saine ne soit pas simplement réservé aux classes moyennes supérieures. C’est dans l’esprit de l’association Paysans-Artisans qui se développe à partir de la Belgique.

La réalité de ces enjeux financiers à travers cette expérience de potager collectif, c’est qu’il peut y avoir peu de frais et peu d’investissements. A la base, le terrain a été mis à disposition à cette association selon un principe historique de partage en milieu citadin. Pour l’eau, les gouttières des bâtiment mitoyens d’une école permettent de la collecter dans des tonneaux réservés à cet effet. Un moteur est toutefois utilisé pour arroser en été.

Bien cuisiner: une motivation pour se faire plaisir

Et il n’y a pas de pertes. Une cuisinière de culture portugaise sait utiliser tout ce qui est cueilli et tout ce qui est semé, et rien n’est cueilli autrement que pour subvenir aux prochains repas. Lorsque la production est trop importante, le surplus va à Paysans-Artisans. Dans un grand carnet sont notés les travaux effectués et dans un second, les cueillettes.

Carnet de travaux

En fonction des deux années précédentes, un plan de rotation et d’association des légumes est constitué par un expert. Ce dernier enjeu de la répartition est clairement complexe. Le potager est ainsi représenté sur un plan avec ses différentes cultures.

Plan des cultures

La Phacélie est semée pour assurer les besoins en engrais verts, et particulièrement, l’azote. Laissée sur place, le gel hivernal la couche sur le sol qu’elle recouvre alors. Concernant les semences, une partie a été produite sur place. Tandis que l’humidité en Belgique succède de peu l’achèvement de la montée en graines, il peut être difficile d’éviter leur pourrissement.

Choux de Bruxelles
Un choux de Bruxelles

Les arbres présents sur place, dont notamment un imposant tilleul, ont été à prendre en compte pour les plans de cultures, tandis que leurs ombres joue sur la croissance des plantes.

Des liens et réseaux encore à tisser

Il y a des connexions avec d’autres association sans but lucratif – ASBL – telles que Nature et Progrès, moteur du Bio depuis plus de 30 ans et promouvant l’éco-construction. Avec déjà six potagers partagés déjà présents à Namur, l’idée est donc de continuer à propager ce principe du partage. Ce potager est toutefois le seul à être collectif et se baser sur ce partage au sens communiste du terme.

Le conseil d’administration est ainsi ouvert à tous et une vingtaine de réunions se font par an. Historiquement, le potager collectif était un principe promulgué par l’Eglise afin d’encourager au travail de la terre pour lutter contre la misère plutôt que de succomber à l’alcoolisme. Aujourd’hui, c’est clairement la transition écologique qui est l’enjeu.

Parmi les plus grandes satisfactions à organiser ce potager, il y a la redécouverte et ce plaisir formidable de jeunes à voir pousser la graine qu’ils ont plantée. Des échecs ponctuent aussi parfois le développement alors qu’il n’est pas toujours facile d’associer tous les acteurs locaux. C’est pourtant important, notamment lorsqu’il s’agit de favoriser les relations inter-générationnelles.

Et chacun aurait sa carte à jouer.

Une solution associative au renouveau de l’économie locale

Un problème unique est souvent bloquant. Deux problèmes considérés séparément, c’est décourageant. Alors une multitude de problèmes pris séparément et c’est le sort qui s’acharne.

Les problèmes qui nous tombent dessus ne sont pas dus au seul hasard, et effectivement lorsqu’un problème résiste, un second problème n’est pas bien loin et se présente sans plus tarder. Ce dernier pourrait être vu comme un indice supplémentaire de la solution à trouver. Pourtant, on s’entête souvent derrière des solutions éculées, les problèmes deviennent plus grands encore, les réponses plus compliqués et on se bute face à une implacable réalité. Comme pour une devinette, la véritable solution nous glisse entre les mains. Jusqu’à ce que de la mise en commun de la multiplicité des indices surgisse l’unité, celle de l’idée puis d’une véritable synthèse. Et effectivement, comme pour une devinette, on s’écrie, « je le savais, c’était trop simple » !

L’avenir est à ces solutions simples. En voici une qui, par construction, remet en cause les divisions verticales et artificielles de notre société pour mutualiser horizontalement les enjeux et fournir des solutions unificatrices.

Il s’agit de mettre en commun au niveau local les enjeux des associations, l’économie des producteurs, et le transport des marchandises à destination des professionnels et des particuliers.

Aujourd’hui, les parents ne savent pas toujours comment emmener leurs enfants pour leurs activités sportives ou ludiques, et cela les oblige à des allers-retours parfois pénibles voire rédhibitoires. Quant aux producteurs locaux, il ne leur est pas simple de vendre aux particuliers sans passer par des intermédiaires coûteux.

Le principe, c’est de proposer de venir chercher les enfants chez eux, les emmener sur leurs lieux d’activités et de les raccompagner. Et l’idée, c’est que, pendant la journée, le transporteur sera allé chercher les commissions de manière groupée.  En sortant de la camionnette devant la maison de chaque enfant, le conducteur déposerait les commissions sur le pas d’entrée, et l’enfant n’aurait plus qu’à les déposer dans les placards et frigidaires de sa famille.

Bien sûr, il faut jouer un minimum le jeu, et un montant minimal de courses par semaine doit être prévu pour rentabiliser l’affaire. L’opportunité, c’est de saisir l’occasion pour que le livreur puisse déposer les colis dans la maison, en faisant d’une pierre deux coups et d’éviter d’avoir à téléphoner ou à revenir comme il le fait communément.

En fait, cela ne se limiterait pas aux enfants, chaque adulte pourrait être ainsi emmené jusqu’à son local associatif et en profiter pour discuter avec ses connaissances ou copains.

Les producteurs participeraient en donnant une marge bien plus faible que celle accordée aux intermédiaires, d’autant que les pertes liées aux méventes ne se poseraient plus autant.

Une gestion informatique permettrait de proposer les ventes, gérer les commandes, synchroniser les calendriers, optimiser les déplacements. Cela serait plus économique pour le consommateur, et moins de temps serait perdu à se déplacer individuellement.

En passant à une véritable intercommunalité, cela permettrait aussi de mettre en commun des producteurs à une échelle un peu plus importante et de permettre plus facilement de se rendre à une association située sur une autre commune.

Et cela ferait gagner du temps aux parents, de la consommation d’essence, ce serait bon pour la planète et très convivial de se retrouver tous ensemble dans un mini-bus. Cela créerait surtout du lien.

Une solution plus élaborée a été décrite par la suite dans un autre article.

Enfin, pour en revenir aux devinettes, c’est parfois difficile de trouver la solution. Mais, au jeu du ‘ni oui ni non’, pour quelqu’un qui donne toute son énergie à vous aider, c’est encore plus désespérant ! Finalement, plutôt que de crise économique, pour notre planète, ne serait-il pas plus adapté de parler de dépression écologique ?

Une solution pour devenir agriculteur-maraîcher et en vivre

Cet article est une solution proposée pour être agriculteur-maraîcher aujourd’hui, bien gagner sa vie et vivre autrement, mais pleinement, ce métier indispensable à la vie de chacun d’entre nous. Et je la soumets au débat.

Voici une liste de problèmes qui se posent à un maraîcher pour gagner sa vie:

  • la rafle des intermédiaires et leur position dominante
  • la contrainte de devoir produire beaucoup pour diminuer ses charges d’exploitation
  • les conséquences d’une certaine forme d’industrialisation du travail amenant à l’utilisation de produits chimiques pour rationaliser au maximum les méthodes de culture tout étant dangereuse pour le consommateur comme pour le producteur
  • la contrainte de devoir constamment s’aligner avec la concurrence nationale voire internationale qui n’a pas forcément les mêmes contraintes.
  • le fait de devoir être subventionné ou financé par des organismes qui vous fixent des contraintes drastiques,
  • la mondialisation et le fait de voir ses prix soumis à la spéculation sur les marchés financiers,
  • le coût du transport et des emballages,
  • le gâchis des grandes surfaces qui diminue indirectement la marge des agriculteurs,
  • la vente de fruits et légumes cueillis à l’avance et pas au meilleur moment pour le consommateur,
  • le coût écologique induit par les transports et le déplacement des clients jusqu’aux distributeurs qui, en se raréfiant, augmentent encore à la distance pour le consommateur, typiquement jusqu’aux seules grandes surfaces,
  • l’absence de contact avec le consommateur, le vrai client final de l’agriculteur, et de son retour sur les produits,
  • le fait pour le client de devoir prévoir la bonne quantité de fruits et légumes à acheter sous peine d’en gâcher une partie, à ne pas oublier de les peser dans les étalages lorsque ce n’est pas en caisse,
  • l’impossibilité de vendre certaines espèces non réglementées et le manque de goût de bien des produits tels que les tomates.

Alors des solutions apparaissent et s’orientent vers les circuits courts. Il y a ainsi les paniers au sein d’AMAP, la vente directe, ou encore des solutions de regroupement de producteurs qui tirent parti des technologies Internet.

Cela continue à poser des problèmes tel que le manque de liberté dans ses choix pour le consommateur, le coût à distribuer directement ses produits malgré la suppression des intermédiaires, ou encore les marges commerciales des sociétés permettant des regroupements. Il y a la difficulté à se faire connaître pour ces producteurs et le fait que ces solutions puissent se développer à grande échelle et entrer dans les moeurs. Tout le monde ne fait pas de ses achats des actes militants telle une vraie lutte contre un « système » dont pourtant les français, ceux qui sont sur le terrain des difficultés de notre pays, ne veulent plus à une majorité évidente.

En France, on a maintenant du pétrole mais on n’a plus d’idées ?

Alors voici une solution simple qui résout l’ensemble de ces problèmes, peut fournir du travail, participer à développer une agriculture à taille humaine et favoriser d’autres méthodes de culture. Pour cela, avançons d’un an dans le temps que je vous raconte la vie d’un agriculteur-maraîcher au quotidien.

« Le maraîcher dont je parle n’a plus forcément de grandes terres à lui. Il s’est mis à son compte sans avoir à faire de gros emprunts. Par contre, il a tout de même du matériel et surtout, beaucoup de savoir-faire. Habitant dans ma petite ville à la campagne, toutes les semaines, il se rend jusqu’à ma maison et passe par le portail menant à mon jardin. Et il oeuvre à s’occuper de mon potager et de mes arbres fruitiers. Il n’est pas bien grand mon potager, une centaine de mètres carrés, et c’est lui qui s’occupe de tout ou presque. C’est quand même à moi d’arroser mon potager le soir. Et parfois aussi chez mes voisins quand ils sont en vacances. Un peu comme mon maraîcher qui s’occupe justement aussi de leur potager, et profite des portes que nous avons placées sur nos haies mitoyennes.

Alors le soir, plus besoin d’aller au magasin pour prendre une salade et j’ai le plaisir d’aller la cueillir dans mon jardin. Ce que j’aime aussi c’est que mon maraîcher maîtrise le calendrier: non seulement, j’ai une idée de quand mes fruits et légumes seront à cueillir mais en plus je peux bénéficier des cultures de mes voisins et des autres clients de mon maraîcher. Quand mes haricots verts sortent tous en même temps, je les partage avec mes voisins et réciproquement. Le soir, c’est donc aussi le plaisir de retrouver des tomates de mes voisins car chacun d’entre nous s’amuse à choisir sa propre espèce et c’est un plaisir d’en découvrir de nouvelles chaque année.

Cela a changé ma vie et aussi mes relations avec mes voisins. Et pas seulement à la fête des voisins et de son concours des meilleurs fruits et légumes. Il y a plus de partage. Au lieu des murs qui nous séparaient, nous avons mis des haies et participé à récréer de la biodiversité. Au départ, implanter ces haies, c’était simplement dans le cadre de la permaculture adoptée par notre maraîcher. Ainsi, toutes les tailles de ces haies mais aussi de nos fruitiers et autres arbres, servent d’engrais une fois qu’elle ont été broyées. Recouvrir les sols de broyas limite ainsi l’arrachage des mauvaises herbes et préserve l’humidité des sols.

Ces haies nous ont aussi permis de faire des portes pour faciliter le travail du maraîcher qui n’a plus besoin d’avoir nos clefs de maison. Avec mes voisins nous avons désormais d’autres idées pour profiter de notre mitoyenneté: au centre commun de nos 4 parcelles, on a ainsi l’idée de faire un poulailler commun ainsi qu’une éolienne pour notre électricité.

Mais surtout, avec ces techniques de maraîchage qui laissent loin derrière la productivité de l’agriculture intensive, 2000 mètres carrés suffisent à nourrir 20 familles de notre petite ville de campagne (*) et à donner un bon salaire à notre maraîcher. Alors il n’y a plus un mois qui passe sans qu’un nouveau maraîcher s’installe dans notre commune grâce à une plateforme associative nationale mettant, c’est le cas de le dire, le pied à l’étrier.

Cela me fait sourire de penser que mon maraîcher est devenu prestataire de services. Et il utilise la plateforme logicielle à laquelle j’ai participé, au sein d’une communauté open-source fournissant des solutions libre de droit pour l’économie locale. C’est grâce à cette plateforme que nous réalisons nos échanges entre voisins pour bénéficier des cultures des autres et éviter de perdre des surplus. Je peux ainsi réserver des légumes chez mes voisins et retrouver mon panier le soir déposé dans mon jardin par notre maraîcher.

Par ailleurs, l’association nationale, dont fait partie notre maraîcher, nous assure de sa solidarité en cas de catastrophe naturelle et de la perte de nos récoltes. C’est le seul cas où les différentes instances départementales de cette association font se déplacer des camionnettes avec une partie des récoltes de chaque potager pour faire de grandes distances. C’est comme on dit l’exception qui confirme la règle. »

Voilà. C’est juste l’idée, toute simple. Trop simple ? Il suffit de regarder la liste des problèmes évoqués au début de cet article pour réaliser que ceux-ci n’auraient pu lieu d’être. Et aussi d’envisager de recréer localement un nombre considérable d’emplois.

Ceux qui lisent ces lignes et veulent en débattre peuvent aussi aider à en faire un vrai projet. Un projet libre fournissant une solution détaillée, le moyen d’acquérir le savoir-faire et les outils informatiques. Et pour développer la solution et bénéficier des contributions libres d’une communauté à développer. Mon email: laurent@wyje.fr

(*) Plusieurs sources font état de tels résultats. Il s’agit notamment de la Ferme du Bec Hellouin. Sur le même thème, on peut consulter On-peut créer 600-000 emplois dans l’Agriculture, ou approfondir sur Terre de liens.

La relocalisation de l’économie, à portée de mains

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Tout le monde connaît l’aberration qui fait qu’un produit local peut parcourir des centaines de kilomètres pour suivre les différentes étapes de sa commercialisation et parfois revenir chez un distributeur à quelques kilomètres de son producteur d’origine.

Effectivement, si je vais à la ferme à côté de chez moi pour chercher mon lait, non seulement, je risque de m’en lasser (quoi que ?), mais en plus, cela ne va pas intéresser l’agriculteur qui préfère s’occuper de centaines de litres de lait plutôt que de remplir mon bidon. C’est une question de temps et aussi d’argent.

Alors que faire face notamment à ce problème de distribution ?

Projection dans un monde relocalisé

Imaginons le monde de demain tel que nous le rêvons et prenons le cas de centaines de familles, disons 600 familles, se regroupant pour assurer leur courses collectivement. Ces familles habitent dans une même commune ou communauté de communes et sont donc relativement proches géographiquement. Idéalement, toutes ses familles sont livrées tous les jours de produits frais et autres produits locaux.

Une SCIC s’est créée – une société coopérative d’intérêt collectif – et un local est affecté à ses besoins. Une personne, Marc, est recrutée afin d’aller chez les producteurs de lait. Ainsi, tous les jours, Marc passe chez un producteur de lait pour s’approvisionner avec 200 litres de lait frais. La SCIC achète le lait à 0,50 euros, soit 10 centimes au-dessus du point d’équilibre (http://www.producteurs-lait.com/lait-les-producteurs-fixent-leur-prix.html) et il sera revendu 0.625 centimes soit 20% plus cher. Le producteur y est gagnant et le consommateur aussi car le prix est moins élevé que chez les discounters.

La SCIC a sélectionné ce producteur ou plutôt quelques producteurs – s’il y en a encore plusieurs dans la commune – en fonction non pas de leur prix mais du coût écologique de leur production. L’utilisation des énergies fossiles est ainsi pénalisante pour un producteur s’il souhaite avoir une plus grande part de marché tandis que l’élevage en plein air est au contraire favorisé puisque cela nécessite moins de ressources.

Les 20% de marge servent essentiellement à payer les salariés de la SCIC, le coût du transport et aussi à participer à ses projets, à savoir le développement local.

Et il n’y a pas besoin d’emballages car les bouteilles de lait sont en verre et sont consignées. Un code barre est gravé sur la bouteille et assure la traçabilité. Marc ramène ainsi les bouteilles vides et repart avec des bouteilles de lait pleines. Il achemine ensuite le lait jusqu’au local de la SCIC. Et puis Marc repart vers d’autres producteurs comme pour les fruits et légumes de saison.

Pendant ce temps, un autre employé de la SCIC s’occupe de regrouper les produits en fonction de leur village de destination et de leur acheteur final.

Et il ne reste plus qu’à livrer ! Et c’est là que cela se complique ?

La mutualisation du transport scolaire et de la distribution pour les circuits-courts

Non, car le Conseil Municipal des enfants a trouvé une solution. Les enfants ont décidé de nous aider pendant deux ans. Ces enfants ne sont pas exploités pour fabriquer des habits ou des téléphones portables en travaillant 10 heures par jour, même s’ils ont dans leur dos, une ardoise, non pas pour dessiner ou écrire, non, une ardoise de 2000 milliards d’euros que nous leur laissons (http://fr.wikipedia.org/wiki/Dette_publique_de_la_France#mediaviewer/File:Dette_publique_France_1979-2014T2.png). Alors ils ont décidé de nous aider pas tant pour notre économie locale que pour éviter la catastrophe écologique annoncée.

Alors pendant deux ans, Marc partira du local de la SCIC pour aller au collège car ces 600 familles ont un point commun qui est qu’elles ont toutes un enfant au collège. Une fois au collège, les packages sont distribués aux différents cars qui desservent les villages. La SCIC a offert une tablette a chaque enfant, alors heureusement, il n’y a plus de manuel dans leur sac à dos et ces manuels restent au collège dans les casiers tandis que leurs versions électroniques sont dans la tablette. Chaque enfant peut même jouer dans le car avec ses copains car l’accès aux jeux se déverrouille dès qu’il entre dans le car.

A la sortie du car, chaque enfant repart avec des provisions d’un poids de moins de 1,2 kilogs soit moins que les 4 manuels scolaires qu’il emportait auparavant. Une fois rentré chez lui, il peut faire ses devoirs et peut même être aidé à distance grâce à sa tablette. Le transport scolaire est gratuit et subventionné aussi par la SCIC.

Un quotidien transformé

L’année prochaine, le car scolaire ira aussi dans les lotissements qui fonctionnent sur le principe d’habitat groupé qui a été rendu particulièrement incitatif par la loi Hollande de 2015 qui sera bientôt votée par l’Assemblée Nationale. Une fois sur place, l’employé de l’habitat groupé s’occupe d’acheminer les provisions jusqu’aux maisons dont il a les clefs. Dans ses habitats groupés, il y a aussi une salle commune pour se retrouver, organiser des soirées. Il y a la laverie et un atelier où l’on partage le matériel de bricolage. Le chauffage est collectif au moyen d’un chaudière à bois particulièrement performante. Des logements sont réservés aux personnes dépendantes: des personnes âgées ou handicapées. Il n’y a pas beaucoup de parkings et garages car un bon nombre des voitures sont partagées par les habitants. Du coup, avec la place gagnée, une piscine naturelle a pu être construite …

Les outils partagés par les habitants ont un coût élevé mais sont particulièrement robustes et ont une garantie de 10 ans. Ils sont fabriqués en Europe et y compris la machine à laver qui est produite par une PME française. Cette dernière n’a pas besoin d’en vendre des milliers pour rentabiliser ses investissements comme ce serait le cas pour une grande entreprise. Dans les pays où la main d’oeuvre est meilleur marché, les produits sont fabriqués à bas coût. Mais ils n’ont qu’une garantie réduite, sont conçus pour du bricolage occasionnel et ont une duré de vie artificiellement limitée. Ils ne rivalisent pas dans ce secteur haut de gamme des machines utilisées intensivement et avec efficacité.

Le cercle vertueux

De plus en plus d’agriculteurs s’installent dans la région et dans des exploitations plutôt petites qui de part leur rôle sur l’environnement ont un coût écologique ‘négatif’. Et avec de moins en moins de pesticides car ils y sont encouragés. Et les productions bios sont légions. Et plus d’emballages non plus pour les produits courants car les habitants utilisent des boîtes réutilisables avec un code barre comme pour les bouteilles de lait. Ce qui fait que les taxes sur les ordures ménagères ont été divisées par deux, soit 80 euros d’impôts locaux en moins par foyer sur une année.

Les maisons de retraite, les restaurants scolaires des écoles et aussi le collège sont livrés en produits locaux, avec un plus fort pourcentage de produits bios. Une étude à paraître a d’ailleurs montré que les enfants déjeunant dans une cantine avec un repas préparé sur place par un cuisinier mangeaient beaucoup mieux que les enfants à qui étaient distribués des repas industriels finissant à la poubelle. Et ces enfants nourris ont une meilleure attention et réussite scolaire. La loi est donc incitative en ce sens.

Enfin, les enfants du Conseil municipal ont imposé au législateur que la fabrication de leurs tablettes ne fasse pas appel au travail des enfants ailleurs dans le monde mais participe aux projets d’écoles promulgués par les ONG dans les pays en voie de développement.

Lorsque les chauffeurs de car arrivent dans les petits villages, désormais, il y a toujours une personne pour récupérer les courses pour les personnes âgées. Les services à la personne se sont développés et ces auxiliaires de vie peuvent alors apporter aux personnes leurs courses et rompre un peu leur isolement même si elles ne sont pas forcément dépendantes.

Des campagnes qui auraient le vent en poupe

Petit à petit de nouveaux habitants et de l’emploi reviennent dans les villages. Des services publics sont rétablis et des écoles rouvrent. Deux ans ont passé, et les enfants n’ont plus à ramener les courses. C’est toujours le bus scolaire qui apporte les provisions mais elles vont directement aux commerces qui ont rouvert.

Le système informatique utilisé possède une base de données Big Data se répliquant tout ou partie sur différents sites, et y compris sur les portables des clients où l’accès aux données fonctionne même en campagne quand le portable n’est pas enregistré sur le réseau. Des entreprises peuvent ainsi savoir si leur client sont des usagers de la SCIC et en tirer parti. Fedex a ainsi investi dans la SCIC et a déjà signé un contrat pour que Marc passe à leur dépôt récupérer les paquets venant du monde entier. Du coup, La Poste a réagi et est en passe de faire de même pour le courrier et ses colissimo.

Mondialisation et relocalisation s’équilibrent ainsi dans nos campagnes, et nos jeunes citoyens ont tellement à coeur de participer à ces enjeux de société et écologique qu’un certain optimisme est en train de revenir.

En tout et pour tout, il n’y aura eu qu’une seule manifestation, celle des agriculteurs venus au collège pour remercier les enfants d’avoir permis d’amorcer ce virage dans l’Economie.

Alors merci pour cette loi Hollande, notre président qui a été réélu en 2017, pour sa loi de la relocalisation, de la croissance verte et de la décroissance des biens matériels.

Ainsi, du cercle vicieux qui nous fait corriger les symptômes plutôt que de fournir des solutions nouvelles, nous sommes passés à un cercle vertueux. Il y a bien un inconvénient à ce cercle vertueux, c’est que l’on connaît pas toujours à l’avance les bonnes surprises qui vont nous arriver.

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Un article parle de ce sujet de la synthèse: https://une-vraie-politique-pour-notre-pays.net/2014/11/16/la-synthese-ou-la-clef-de-la-resolution-des-problemes-de-notre-pays/.

Post-scriptum

Le 27 novembre 2014, le Président de la République a fait démonstration de toute la détermination nécessaire au plus niveau de l’Etat pour s’engager sur la voie de la transition énergétique et écologique:
http://www.dailymotion.com/video/x2b73j7_confenvi-discours-lors-de-la-troisieme-conference-environnementale_news

Reste à favoriser les initiatives prises partout en France et à trouver le moyen de réformer en s’affranchissant des contraintes contradictoires qui jusqu’à présent nous soumettent au sempiternel modèle de développement économique par la croissance matérielle… François Hollande a expliqué que lors des précédentes conférences internationales sur le climat, tous les responsables de gouvernement se réunissaient pendant 15 jours en pensant pouvoir trouver à eux seuls la « synthèse », et qu’à chaque fois, ils y avaient échoué. Devant l’évidence désormais reconnue des enjeux y compris par les deux principaux pollueurs que sont les Etats-Unis et la Chine, et en s’y prenant à l’avance, il a ainsi l’espoir que la prochaine conférence à Paris puisse réussir. D’ici là, l’exemple des mesures prises par la France jouerait dans ce sens, et pourrait être à l’image de ce qu’a fait la France il y a 70 ans pour les droits de l’Homme. Reste que pour retrouver le cercle vertueux du mouvement de la synthèse, cela prend du temps. Il faut fournir de nouvelles solutions un peu comme lorsque l’on dénoue une pelote de laine emmêlée et qu’il faut éviter de tirer de partout afin de ne pas aggraver les difficultés. Et c’est malheureusement plutôt ce qu’a fait ce gouvernement jusqu’à présent. Les effets des mesures prenant le chemin d’une telle synthèse ne prendront véritablement de sens qu’à moyen terme lorsqu’ils se conjugueront en une spectaculaire simplification.